Il a suscité de nombreuses réactions il y a quelques jours en extrapolant que, si aucune mesure de précaution n'avait été prise ces dernières semaines dans notre pays, 850.000 personnes pourraient être infectées en Belgique (sachant qu'une épidémie de grippe génère habituellement 500.000 malades et que le coronavirus est 1,7 fois plus contagieux). Mais ce chiffre catastrophiste, c'était pour la bonne cause, pour que les gens soient "acteurs de leur santé" ainsi que pour justifier les actions prises par le gouvernement, a expliqué Philippe Devos, président de l’Absym (association belge des syndicats médicaux) ce matin sur Bel RTL. "Mon but est de faire comprendre la raison pour laquelle les gens doivent prendre des mesures d'hygiène élémentaires qui sont rappelées depuis des semaines par la ministre mais que personne ne prend", a-t-il dit.
80% des infections ont lieu dans le cercle familial, c'est à la maison qu'on attrape le virus, pas au stade de foot
Quelles sont ces mesures d'hygiène élémentaires ? Eh bien, vous allez passer beaucoup de temps au lavabo. "Il faut se laver les mains à chaque fois qu'on a toussé ou qu'on s'est mouché, se laver les mains avant ou après avoir eu un contact avec quelqu'un", prescrit Philippe Devos. Et interdire les grands rassemblements ? "Pour le moment, cela n'a pas de sens vu le nombre restreint de personnes contaminées en Belgique. Peut-être qu'à un moment donné, il faudra y passer", pense-t-il, ajoutant aussi que "cela n'a pas de sens de fermer une piscine et laisser le supermarché d'à côté ouvert. Soit on fait tout, soit on ne fait rien".
Ce n'est pas dans les grands rassemblements mais bien entre proches que le virus se transmet essentiellement: "80% des infections ont lieu dans le cercle familial, c'est à la maison qu'on attrape le virus, pas au stade de foot", dit-il.
Si on commence à avoir de la fièvre, il ne faut pas commencer à aller faire la tournée des grands ducs, il faut rester le plus possible cloîtrer chez soi
Et si on est malade ? C'est simple, on reste chez soi, "c'est du bon sens", estime-t-il. "Si on commence à avoir de la fièvre, il ne faut pas commencer à aller faire la tournée des grands ducs, il faut rester le plus possible cloîtré chez soi", ordonne-t-il, par exemple, comme l'a dit madame De Block hier, les étudiants en kot ne doivent pas rentrer chez eux, ils doivent rester dans leur kot".
Philippe Devos est médecin anesthésiste. Il connait bien les soins intensifs et il veut éviter à tout prix des situations comme dans certains hôpitaux de Lombardie dans le nord de l'Italie où, assure-t-il, des opérations urgentes doivent être reportées à cause d'un trop grand nombre de malades du coronavirus. "Chaque année, lors du pic de l'épidémie de grippe, on se retrouve presque à saturation dans les unités de soins intensifs en Belgique. Je me dis que si les gens ne sont pas plus vigilants, le coronavirus va s'ajouter à la grippe et mes soins intensifs vont se retrouver complètement pleins. C'est la situation que je veux éviter", dit-il.
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