De plus en plus de belges se disent allergiques ou intolérants au gluten, une protéine de blé qu'on retrouve partout, dans le pain, les céréales ou les pâtes. Pourtant, les médecins sont un peu sceptiques sur cette vague de syndromes qui ressemblent parfois à une mode. Martin Vachiery et Pascal Noriega ont mené l’enquête.
Il y a plus de 10 ans, qui avait déjà entendu parler du gluten ? Une protéine devenue aujourd’hui, l’ennemi public numéro 1 dans l’alimentation.
Migraines et problèmes de digestion… Isabelle ressentait ces syndromes à chaque excès de pain ou de pâtes. "Je mange donc des cracottes qui sont faites avec des farines différentes, par exemple de la farine de châtaigne… C’est assez sympa pour le petit déjeuner", explique-t-elle. Isabelle en est sûre, le gluten est responsable de ses maux. Désormais tous les produits qu’elle achète portent ce logo : un épi de blé barré, symbole du "sans gluten".
"L’allergie au gluten donne rarement des troubles digestifs"
Le gluten est présent dans la farine, le pain, les céréales… Mais attention aux idées reçues, en Belgique seul 1 patient sur 300 est atteint de la maladie "Celiac", la seule pathologie directement liée au gluten. "Ces personnes-là, lorsqu’on fait le diagnostic, doivent réellement suivre un régime sans gluten strict, explique André Van Gossum, Gastro-entérologue, responsable de l'équipe nutrition à l’Hôpital Erasme. La deuxième entité, c’est l’allergie au gluten, qui est plus rare en fait et qui donne rarement des troubles digestifs. C’est plus souvent des troubles respiratoires ou cutanés."
Si je digère mal le pain, cela veut-il dire que je suis forcément intolérant au gluten ?
Non. En fait, la plupart des personnes qui se disent intolérantes présentent simplement une hyper-sensibilité au gluten qui fait débat dans la sphère médicale. "Pour les personnes qui sont sensibles au gluten, c’est important de consulter à l’occasion leur médecin, affirme le Gastro-entérologue. En pratique courante, je rencontre beaucoup de patients qui ont supprimé tous les aliments qui contenaient du gluten. Ce qui le plus souvent n’est pas réellement nécessaire."
Un produit de magasins spécialisés qui séduit désormais un large public
Bien sûr, tous ceux qui se passent de gluten ne sont pas pour autant des malades imaginaires. Dans une biscuiterie biologique garantie sans gluten, Christophe Harou nous explique la raison bien particulière qui l’a poussé à se lancer dans cette aventure en 2012. "On m’a diagnostiqué une très forte intolérance au gluten il y a 4 ans. Ma femme a aussi une maladie auto-immune, explique le directeur commercial de Generous, biscuiterie sans gluten. De fil en aiguille, on a changé notre mode d’alimentation. On est très gourmands (…) On n’était pas satisfaits de ce qu’il y avait dans les magasins, donc on a décidé de créer notre propre marque et de proposer nos propres produits."
Aujourd’hui, le "sans gluten" est sorti des magasins spécialisés et envahit les rayons des supermarchés. Malgré la part infime de la population qui doit se passer de cette protéine pour des raisons médicales, le "sans-gluten" séduit un public bien plus large dans la dynamique florissante du bio.
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