L'usage d'opioïdes inquiète. Il s'agit d'antidouleurs dérivés de la morphine. Ils sont très efficaces pour lutter contre la douleur mais cela génère chez le patient une accoutumance très forte. Pourtant, ce type de médicament est de plus en plus utilisé. Une personne sur 10 en a consommé l'an dernier. Les mutuelles et l'institut national d'assurance maladie-invalidité, l'Inami, alerte.
Produit par différents laboratoires, le Tramadol arrive en tête des opioïdes les plus prescrits. L'an dernier, plus d' un million de Belges ont consommé cette famille de médicaments dérivés de la morphine. On relève ainsi une augmentation de 56% en dix ans.
"On est dans une société action-réaction. Il faut qu'on soit tous efficaces, tous performants. C'est la même chose dans les médicaments. Donc si vous avez mal, vous allez forcément souhaiter le médicament qui va vous soulager le plus rapidement et le mieux", explique Frédérique Laime, pharmacienne.
Très efficaces après une opération, ces antidouleurs peuvent créer une dépendance importante chez des patients. Le médecin Jean-Baptiste Lafontaine travaille sur le traitement des assuétudes. Le praticien s'inquiète de leur succès. "On se retrouve dans des situations de dépendance équivalentes à des dépendances que présentent des héroïnomanes. Je le signale à mes patients pour qu' ils réalisent les risques qui prennent lorsqu'ils démarrent un traitement à base d'opiacés", éclaire-t-il.
L'usage à long terme est à proscrire
Cette accoutumance est particulièrement vraie avec l'oxycodone, 2e opioïde le plus utilisé par les patients. "On les sensibilise aux effets secondaires en leur disant que c'est quelque chose qui doit être temporaire mais ce n'est pas non plus aux pharmaciens à aller à l' encontre du diagnostic du médecin. On ne sait pas toujours quelle est la douleur qui atteint le patient", assure la pharmacienne Frédérique Laime.
"Je pense que le devoir des médecins, c'est de bien sensibiliser les patients dès la première prescription au risque de ces médicaments", indique le médecin.
L'usage à long terme de ces antidouleurs est à proscrire. Pour un traitement chronique, une alternative doit être recherchée.
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