Châtaigne ou marron d'Inde ? Ail des ours ou colchique ? La ressemblance peut être troublante mais confondre plantes comestibles et toxiques peut être grave, voire mortel, met en garde l'agence sanitaire Anses.
"L'envie de retour à la nature, de découvertes culinaires, parfois associées aux bienfaits supposés des plantes, peuvent encourager la cueillette de plantes comestibles... et par conséquent accroître le risque de confusion avec des plantes toxiques", note l'Anses dans un bulletin de vigilance publié lundi.
L'Agence et le Centre antipoison ont réalisé une enquête rétrospective pour évaluer l'importance du problème et identifier les doubles les plus trompeurs.
Ainsi, 1.872 cas de confusion alimentaire avec des plantes (feuilles, baies, graines, bulbes...) ont été recensés entre 2012 et 2018, selon les résultats qui montrent une stabilité avec autour de 250 cas par an.
Si certaines ingestions n'ont pas posé de problèmes particuliers, d'autres ont provoqué des symptômes plus ou moins graves, de maux de tête à des problèmes digestifs, en passant par des tremblements, hallucinations, convulsions, coma, pouvant potentiellement entraîner la mort.
Ainsi, l'étude avait été lancée en 2018 après le décès d'un homme de 78 ans qui avait cueilli pendant une randonnée dans les Pyrénées ce qu'il croyait être du couscouil, dont les feuilles se consomment généralement en salade. Il s'agissait en fait d'aconit napel ou aconit tue-loup, surnommée "arsenic végétal" dans l'Antiquité.
En juin 2019, un homme de 63 ans est lui décédé après avoir mangé de l'oenanthe safranée confondue avec du persil tubéreux, cultivé et ramassé dans son jardin.
Cette plante, qui peut aussi être confondue avec la carotte sauvage, peut provoquer vomissements, diarrhées, insuffisance rénale aiguë, voire arrêt cardiaque.
Mais d'autres sont plus souvent l'objet de confusions, comme le bulbe de narcisse (vomissements, vertiges...) pris pour un oignon, la coloquinte (diarrhée sanglante et déshydratation sévère) pour une courge comestible, ou encore le marron d'Inde pour une châtaigne (problèmes digestifs, irritation oro-pharyngée).
En mai dernier, une alerte avait été lancée dans le Grand-Est suite au signalement de vingt cas d'intoxication par du colchique, confondu avec de l'ail des ours ou du poireau sauvage. Confusion potentiellement mortelle, le colchique pouvant provoquer jusqu'à un coma et la mort, tout comme la belladone dont les fruits ressemblent au raisin.
L'Anses et les centres antipoison "mettent en garde contre la consommation de plantes supposées comestibles qui n'auraient pas été clairement identifiées", soulignant que les descriptifs et photos de livres ou de pages internet ne suffisent pas.
"Au moindre doute, il ne faut pas consommer les plantes ramassées, et demander conseil à un spécialiste en horticulture ou en botanique", insistent-ils.
Mais les incidents ne sont pas toujours liés à des cueillettes dans la nature. Ainsi cet exemple d'intoxication collective: six cas, dont des enfants, ayant présenté des "symptômes de gravité moyenne" après l'ingestion de feuilles de datura, vendues sur un marché comme étant des épinards.
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