Pris au piège d'une ville coupée du monde, un homme de 35 ans attend de savoir s'il a contracté la pneumonie virale dans un hôpital de Wuhan, la métropole chinoise au coeur de l'épidémie.
"J'ai de la fièvre et je tousse, j'ai peur d'être contaminé", explique M. Li, qui se demande s'il va rejoindre la liste des 830 cas confirmés du nouveau coronavirus.
L'épidémie a pris naissance le mois dernier dans un marché de Wuhan, ville de 11 millions d'habitants du centre de la Chine, avant de tuer 24 personnes dans la région et deux autres dans le reste du pays.
"Je n'ai pas encore les résultats des tests, je suis un peu inquiet", confie M. Li, à la sortie de l'Hôpital numéro cinq de Wuhan.
La ville et sa région sont de facto en quarantaine depuis jeudi. Plus de 40 millions d'habitants se voient interdits de quitter le secteur.
Seuls avec un coronavirus dont l’origine reste mystérieuse. Les rumeurs les plus folles circulent sur les réseaux sociaux, mettant en doute les statistiques officielles sur le nombre de malades.
La psychose n'est pas loin.
Dans une pharmacie, des employés empêchent les clients d'entrer, se contentant de leur passer leur commande par la porte entrouverte -- des masques pour la plupart.
- "Les bien-portants, dehors!" -
La cité des bords du Yangtsé ressemble à une ville fantôme, de rares passants errant dans les rues avec un masque sur le visage -- précaution désormais obligatoire sous peine d'amende.
Un calme étrange à la veille du Nouvel An chinois, la plus grande fête du calendrier.
Sauf aux urgences, où une infirmière revêtue des pieds à la tête d'une combinaison blanche tend un thermomètre au mercure aux patients qui défilent devant ses yeux protégés par des lunettes en plastique.
Les malades prennent leur température par la bouche ou sous l'aisselle.
"Allez voir le docteur", ordonne une infirmière après avoir examiné le thermomètre.
La plupart des patients sont d'âge mûr, voire au-delà. L'épidémie semble particulièrement mortelle pour les plus âgés.
A l'extérieur, un panonceau explique que l'établissement est désormais "entièrement réservé aux malades de la fièvre".
"Notre hôpital n'accepte plus les autres malades", est-il ajouté.
Mais en dépit du grand nombre de patients, les surveillants sont peu nombreux et l'ambiance est chaotique.
"Les bien-portants, dehors!" hurle un gardien excédé par la bousculade à l'entrée du bâtiment des consultations.
A l'Hôpital de la Croix-Rouge, le personnel est aussi protégé dans une tenue intégrale, mais certains patients ne portent pas de masque. Certains font la queue, interminable, assis sur des tabourets en plastique.
- Contagion -
Devant l'hôpital où il accompagnait un proche, Huang Wei, 42 ans, s'inquiète de voir l'épidémie s'aggraver encore avec tous ces gens potentiellement contaminés qui jouent des coudes.
"On manque de médicaments, l'attente est trop longue et on risque la contagion à force de faire la queue", râle-t-il.
Sept hôpitaux de Wuhan sont "saturés", a déclaré la Commission municipale de la santé au Quotidien du peuple, l'organe du Parti communiste au pouvoir.
Face au risque d'engorgement du système médical, la ville vient d'engager la construction d'un hôpital d'un millier de lits qui doit être achevée dans... dix jours.
Dès vendredi, des dizaines d'engins de chantier aplanissaient le terrain où le futur hôpital s'élèvera, selon des images diffusées à la télévision nationale.
Quarante médecins militaires sont par ailleurs attendus pour prêter main forte à leurs collègues civils de l'Hôpital pulmonaire, a rapporté la télévision.
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