"Flou total", "pas le temps de s'organiser": parents et professeurs interrogés vendredi devant des écoles étaient pris de court par la fermeture des classes à partir de lundi et "jusqu'à nouvel ordre" pour lutter contre le coronavirus.
"Il va falloir les occuper toute la journée. On nous dit de limiter les écrans mais là en télétravaillant, on n'aura pas le choix", s'inquiète une mère de trois enfants, rencontrée devant une école lyonnaise, au lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron dont la mesure-phare concerne 12 millions d'élèves en France et les étudiants.
Julie, maman d'un enfant en CP, se montre philosophe et compte sur la solidarité: "on va s'organiser, on va faire des roulements avec d'autres parents pour les garder à tour de rôle".
Pour les professeurs, l'heure est à la préparation d'un maximum de fiches. "Mais ce n'est pas de l'enseignement, il y a toujours un travail en amont", s'inquiète une enseignante.
Chez les enfants, l'euphorie de la veille laisse place à une certaine appréhension. "C'est bizarre quand même. C'est la première fois que ça arrive depuis que je suis née. Je suis un tout petit peu contente. Même si une fermeture d'au moins trois semaines, c'est beaucoup quand même", glisse Anouchka, élève de CE1.
Après la sonnerie, des mères discutent devant le portail: "il va falloir aller au parc sinon on va s'entretuer" entre parents et enfants, plaisante l'une d'elles.
Surtout que les grands-parents, habituellement sollicités pour s'occuper des enfants, devront rester confinés seuls chez eux s'ils ont plus de 70 ans, conformément à ce qu'a demandé le chef de l'Etat jeudi soir, ce qui restreint les solutions de garde.
Selon le ministre de la Santé Olivier Véran, la fermeture sera "la plus courte possible" mais de "minimum 15 jours". De son côté, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a indiqué vendredi que "ce qui est assez certain c'est qu'on va aller au moins jusqu'aux vacances de printemps qui commencent début avril. C'est le mois de mars qui va être touché".
- "Apprendre l'autonomie" -
"Nos enfants vont devoir apprendre l'autonomie", constatait Marie Lambert, mère de trois garçons scolarisés à Besançon en maternelle et en primaire. "Les deux grands resteront à la maison, il ont appris à nous téléphoner avec le fixe si besoin et nos voisins de l'étage du dessous pourront aussi garder un oeil dessus", explique-t-elle.
Sandrine, hôtesse de l'air et "maman solo en semaine" avec un enfant en CM1 scolarisé près de Bordeaux, peste contre cette mesure: "je trouve ça grave, il y a plein d'écoles où les enfants ne sont pas malades. Je ne sais pas comment faire garder ma fille". Sa mère pourra l'aider les premiers jours "mais si c'est jusqu'aux vacances de Pâques, ça va être difficile".
Fatoumata Sylla, femme de ménage, se demande comment elle va payer ses "factures". "Quand je vais indiquer que je reste à la maison pour garder mes enfants, ils ne vont pas me payer !", dit-elle devant l'école maternelle Palestine à Paris.
Devant une autre école maternelle parisienne, une maîtresse déplorait le "flou total" face à l'absence d'"information de la part du rectorat". Inquiète pour sa classe, elle va "rester en contact continu avec les parents, leur envoyer des exemples de travail de dessin, d'apprentissage à faire".
"La question qu'on est en train de soulever tous là c'est combien de temps cette fermeture va-t-elle durer... Des mois comme en Chine ?", s'inquiète Olivier, papa d'un petit garçon en moyenne section. "Parce qu'on a toujours réussi à se débrouiller pour quelques jours mais là on est plongé dans l'inconnu".
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