Le rover Perseverance a atterri sur le sol martien après sept mois de voyage, a annoncé jeudi l'agence spatiale américaine, une réussite éclatante pour la Nasa qui marque le début d'une mission de plusieurs années. "Atterrissage confirmé!", s'est exclamée Swati Mohan, en charge du contrôle des opérations. Dans la salle de contrôle du Jet Propulsion Laboratory, à Pasadena en Californie, les équipes présentes ont explosé de joie.
La Nasa a immédiatement communiqué une image prise par le rover sur place. "Bonjour le monde. Ma première vue sur la maison qui sera la mienne pour toujours", a tweeté le compte officiel du rover pour accompagner l'extraordinaire image en noir et blanc, sur laquelle on peut voir l'ombre du véhicule projetée au sol.
Le cratère de Jezero, dont les scientifiques pensent qu'il contenait il y a 3,5 milliards d'années un lac, était le site d'atterrissage le plus périlleux jamais tenté par la Nasa. Perseverance sera chargé d'y collecter des preuves de vie ancienne sur Mars.
Les équipes de la Nasa vont passer les prochains jours à vérifier que le rover et ses nombreux équipements de pointe n'ont pas été endommagés et fonctionnent correctement.
Perseverance est seulement le cinquième rover à fouler le sol martien. Depuis le premier, en 1997, ils sont tous américains, et l'un d'eux, Curiosity, est toujours en activité ailleurs sur la planète rouge.
Les premiers prélèvements de roche par Perseverance devraient commencer cet été. Les tubes scellés devront ensuite être rapportés sur Terre par une future mission, dans les années 2030, afin d'être analysés.
De 19.000 km/h à 3 km/h en 7 minutes
A environ 130km d'altitude, le vaisseau est entré dans l'atmosphère martienne à une vitesse de près de 20.000km/h, provoquant des frictions faisant monter la température jusqu'à 1.300°C. "Le plus difficile est d'entrer dans l'atmosphère de Mars. L'atmosphère de Mars est très mince. C'est environ 1% de l'atmosphère terrestre. Donc c'est juste assez pour avoir vraiment chaud en entrant, mais pas assez pour nous ralentir. Nous atteindrons le sommet de l'atmosphère à 19.300 km/h et ensuite cela prendra 7 minutes de descente", a détaillé le Dr Lori Glaze, directrice de la Division des sciences planétaires de la NASA.
Le bouclier thermique du rover l'a protègé de la chaleur infernale. L'atmosphère ne suffisait pas à ralentir suffisamment le vaisseau, dont la vitesse a encore atteint 1.500 km/h. A environ 11km d'altitude, un immense parachute supersonique de 21 mètres de diamètre, situé dans le bouclier arrière, a été déployé. Celui-ci a ralenti le vaisseau jusqu'à environ 300 km/h. Vingt secondes plus tard, le bouclier thermique a été largué: le rover s'est retrouvé pour la première fois exposé à l'atmosphère martienne. A environ 2km d'altitude, le bouclier arrière et son parachute ont été largués.
Après avoir effectué une manoeuvre pour s'éloigner du parachute, le rover a fini par descendre à la verticale, pile au-dessus de son site d'atterrissage. A environ 20m du sol, il a atteint la vitesse de 2,7km/h, soit plus lente que celle à laquelle un homme marche. Le rover est alors descendu le long de câbles grâce à un système de poulies, durant une dernière quinzaine de secondes (étape appelée "skycrane"). Le véhicule a déployé ses roues à ce moment.
Toutes ces étapes étaient bien entendu automatiques, puisqu'il est impossible de piloter un engin en temps réel à une telle distance de la Terre.
Là pour trouver des traces d'organismes vivants
L'objectif principal de la mission de 2,7 milliards de dollars sur deux ans est de rechercher des signes d'organismes microbiens qui auraient pu fleurir sur Mars il y a environ 3 milliards d'années, lorsque la planète était plus chaude, plus humide et probablement plus hospitalière. "L'objectif principal de la mission est vraiment de se concentrer sur la question de savoir si la vie a pris racine sur Mars dans le passé. C'est vraiment l'objectif majeur. Nous allons spécifiquement sur un site où nous pensons que si de la vie a existé, c'est là qu'elle serait préservée", a encore détaillé le Dr Lori Glaze.
Plus grand et plus sophistiqué que n'importe lequel des quatre véhicules scientifiques mobiles que la NASA a atterri sur Mars avant lui, Perseverance est conçu pour extraire des échantillons de roches pour les analyser sur Terre : les premiers spécimens de ce type jamais collectés par l'humanité sur une autre planète. Deux futures missions sont prévues pour récupérer les échantillons et les renvoyer à la NASA au cours de la prochaine décennie.
Une expérience qui pourrait être capitale pour la survie de l'humain sur Mars
De plus, cette mission "ouvre vraiment la voie à de futures explorations humaines. Nous avons plusieurs expériences différentes qui aident à démontrer nos capacités. D'une part, nous menons une expérience spéciale appelée MOXIE, qui est l'expérience d'utilisation in situ de l'oxygène issue des ressources de Mars, ce qui est un grand pas. Nous allons transformer le dioxyde de carbone qui se trouve dans l'atmosphère en oxygène respirable. Et c'est une expérience vraiment importante si nous voulons envoyer des humains sur Mars. Ce serait formidable de pouvoir profiter de l'oxygène contenu dans le dioxyde de carbone plutôt que de le transporter avec nous", a enfin expliqué le Dr Glaze.
> Les premières photos prises par le rover Perseverance sur Mars
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