Banques et investisseurs du monde entier annoncent régulièrement ne plus vouloir financer cet ennemi du climat, mais la demande pour le charbon est repartie à la hausse l'an dernier et devrait encore croître cette année, selon un rapport mardi de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
"Beaucoup de discours, mais peu de changement", pointe l'AIE (Agence internationale de l'énergie) dans son rapport annuel sur l'état des lieux de cette énergie fossile, la plus émettrice de gaz à effet de serre. L'an dernier et après deux années de baisse, la consommation mondiale de charbon est repartie à la hausse (+1%), et la production d'électricité à partir de charbon a progressé d'environ 3%. Cela s'explique par la reprise de la croissance mondiale et de la consommation d'électricité, dont 38% reste fournie par le charbon.
Publié juste après la 24e conférence climat de l'ONU (COP24) en Pologne, ce rapport confirme que le monde est résistant aux changements nécessaires à la lutte contre le réchauffement climatique. "Malgré l'attention importante donnée par les médias aux désinvestissements et rejet du charbon, les tendances de marché résistent au changement", note l'AIE.
Et l'avenir que trace l'agence n'est pas plus optimiste. La consommation devrait rester stable durant les cinq prochaines années, avec un recul en Europe, en particulier en Europe de l'ouest, et aux Etats-Unis, qui sera compensé par une expansion en Inde (+4% par an) et dans d'autres pays asiatiques.
En 2023, le charbon fournira toujours un quart de l'énergie consommée dans le monde, contre 27% aujourd'hui.
Une tonne sur quatre brûlées chaque année dans le monde est utilisée par la Chine pour produire de l'électricité. L'évolution de la demande mondiale de charbon sera donc très dépendante de la tendance qui sera observée chez le géant asiatique dans les années à venir, entre efforts pour améliorer la qualité de l'air, mais aussi besoins croissants en électricité pour les transports, la chaleur et la fourniture de courant à une classe moyenne en expansion.
Dans ce contexte, "seuls la capture, l'utilisation et le stockage de carbone (CCUS) peuvent réaliser les réductions (d'émissions de gaz à effet de serre) nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques", fixés dans l'accord international de Paris de 2015, juge l'Agence.
Actuellement, seuls deux projets arrivés au stade commercial fonctionnent dans le monde (au Canada et aux Etats-Unis) capturant au total 2,4 millions de tonnes de CO2 par an, mais d'autres sont en cours de développement. (Belga)
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