Deux vaccins ont permis de protéger "complètement" des souris de l'infection par le virus Zika, selon une étude publiée mardi, suscitant "l'optimisme" pour la mise au point d'un rempart contre ce virus à l'origine de lésions cérébrales chez le foetus.
C'est "une étape dans le développement d'un vaccin", estime le professeur d'Harvard Dan Barouch (Etats-Unis), responsable de cette étude qui "démontre l'efficacité protectrice" avec une seule injection de l'un ou l'autre des deux vaccins testés.
Il s'agit, assure-t-il, de "la première" démonstration d'une protection contre le virus zika "obtenue avec un vaccin" sur l'animal.
Mais plusieurs scientifiques avertissent qu'il faudra probablement des années avant de pouvoir disposer d'un vaccin commercialisé.
Cette étude, publiée dans la revue scientifique Nature, a été réalisée avec deux types de vaccins, un vaccin synthétique à base d'ADN et un vaccin classique contenant une forme inactivée et purifiée du virus. Ils ont donné aux souris une "protection complète" contre une souche de virus Zika du nord-est du Brésil ou de Porto Rico, notent les chercheurs.
Pour démontrer l'efficacité de la vaccination, les chercheurs ont inoculé du virus aux rongeurs vaccinés, puis constaté que ces derniers étaient efficacement protégés.
Même si la prudence reste de mise, cette recherche suscite "l'optimisme", selon le Pr Barouch. Un optimisme partagé par d'autres scientifiques.
La durée de l'immunité acquise grâce à ces vaccinations expérimentales sur le long terme reste néanmoins à évaluer.
Il n'existe actuellement aucun vaccin, ni traitement pour guérir de l'infection Zika, transmise par des moustiques.
60 laboratoires et agences nationales de recherche travaillent sur des vaccins, indiquait en avril l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dont 18 vaccins visant les femmes en âge de procréer.
Des essais devraient commencer dès cette année avec les deux types de vaccins utilisés dans l'étude, ainsi qu'avec d'autres vaccins, selon le Pr Barouch.
Le virus Zika, bénin chez la plupart des gens, est tenu pour responsable de complications neurologiques et surtout de graves anomalies du développement cérébral (microcéphalies) chez des bébés nés de mères infectées.
L'épidémie qui sévit au Brésil a déjà touché 1,5 million de personnes et plus de 1.600 bébés sont nés avec une malformation crânienne.
- Tests humains avant fin 2016 -
"Il va falloir faire des tests sur des singes et surtout sur des animaux en gestation pour prouver que ces vaccinations protègent contre la menace majeure de Zika, la microcéphalie, car l'objectif est surtout de protéger le foetus", dit à l'AFP Etienne Simon-Lorière, de l'Institut Pasteur à Paris.
Il faudra également vérifier si les anticorps induits par les deux types de vaccin ne favorisent pas le développement de maladies liées à la même famille de virus, comme la dengue, avec une gravité accrue.
Un autre vaccin a déjà montré récemment sa capacité à stimuler la formation d'anticorps contre le virus : celui de la société américaine Inovio Pharmaceuticals, qui développe un vaccin synthétique ADN avec une biotech sud-coréenne, GenOne Life Sciences. Inovio a affirmé le 20 juin avoir reçu l'autorisation de lancer prochainement un premier test sur 40 volontaires sains.
Inovio s'est toutefois borné à indiquer que son produit avait généré de "fortes réponses" immunitaires (dont des anticorps) chez l'animal. Mais la société n'est pas allée jusqu'à affirmer avoir démontré son efficacité protectrice, comme dans l'étude parue dans Nature.
Le vaccin classique testé dans cette étude est produit par l'Institut Walter Reed de l'armée américaine, qui prévoit de commencer des tests humains "avant la fin de l'année".
Il n'existe à ce jour encore aucun vaccin synthétique ADN commercialisé. D'où l'idée, pour aller plus vite, de s'inspirer pour Zika du principe du vaccin classique comme il en existe déjà sur le marché (par exemple le vaccin injectable pour la polio).
Selon une autre étude publiée mardi dans Nature Communications, les sujets infectés une fois par le virus Zika sont en revanche immunisés contre une ré-infection par ce même virus, même si l'on ignore si cette protection durera toute la vie.
En revanche, la grossesse prolongerait considérablement la persistance du virus dans l'organisme, selon des chercheurs de l'Université de Wisconsin-Madison (Etats-Unis) dont les travaux portent sur des singes.
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