Le président Emmanuel Macron a annoncé mercredi soir une réponse "intraitable" aux violences qui secouent depuis samedi l'île de la Réunion en marge du mouvement des "gilets jaunes" contre la hausse du prix des carburants.
"Ce qui se passe depuis samedi à La Réunion est grave. Nous avons mis les moyens et allons continuer à les mettre: nos militaires seront mobilisés dès demain pour rétablir l'ordre public. Nous serons intraitables car on ne peut pas accepter les scènes que nous avons vues", a écrit le chef de l'État sur son compte Twitter.
En recul en métropole, le mouvement "des gilets jaunes" a continué à paralyser mercredi l'île de la Réunion où il s'accompagne, malgré l'instauration d'un couvre-feu nocturne, d'une flambée de "violences urbaines" comme elle n'en avait plus connue depuis près de trente ans.
Au cinquième jour du mouvement, les blocages routiers durant la journée succédaient aux violences commises la nuit par "des bandes de jeunes gens qui n'ont rien à voir avec le mouvement dit des +gilets jaunes+", selon le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. "Leur objectif, a-t-il déploré mercredi, c'est de profiter d'un mouvement social pour piller, pour saccager, pour détruire", a-t-il déclaré à l'issue du Conseil des ministres à la mi-journée mercredi.
Au total, depuis le début des violences, il y a eu "109 interpellations, 30 blessés parmi les forces de l'ordre, 16 policiers, 14 gendarmes, à peu près une cinquantaine de barrages, un millier de manifestants", a énuméré M. Griveaux. 120 gendarmes et 107 policiers ont été déployés et un escadron de 80 gendarmes devait décoller mercredi soir de Paris "pour accroître encore" la sécurisation, a-t-il ajouté.
Un commandant de police, membre du GIPN, a eu une main arrachée lors de l'explosion accidentelle d'une grenade dans son véhicule alors qu'il était caillassé par de jeunes manifestants. Quinze autres membres des forces de l'ordre ont été blessés plus légèrement dans la nuit de mardi à mercredi, a annoncé la préfecture de La Réunion.
Dans un communiqué commun, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et la ministre des Outre-mer Annick Girardin, ont affirmé "leur soutien à l'ensemble des services de sécurité mobilisés à La Réunion" alors que l'île "est confrontée depuis samedi à des violences urbaines inacceptables".
"C'est une situation de guérilla urbaine à laquelle les services des forces de l'ordre sont désormais confrontés au quotidien", s'est alarmé le président de la Région Didier Robert dans une lettre à Emmanuel Macron en lui demandant de prendre "toutes les mesures nécessaires pour la protection des personnes et des biens dans notre île".
"La situation devient très très compliquée", a réagi Idriss Rangassamy, secrétaire départemental d'Alliance Police. Un couvre-feu a été décrété mardi de 21H à 6H, pour 14 des 24 communes, jusqu'à vendredi matin au moins.
- Gel d'une taxe -
Les forces de l'ordre sont intervenues sur plusieurs zones chaudes : au Chaudron (Saint-Denis), au Port et à la Possession (ouest) et à Saint-Gilles (ouest) où des tentatives de pillage de commerces avaient lieu. Les manifestants ont lancé des galets et des cocktails Molotov contre les forces de l'ordre.
En journée, l'île tourne toujours au ralenti. Les stations-service commencent à souffrir des blocages: la plupart sont à court de gaz, certaines ont commencé à rationner l'essence et le gasoil.
Les écoles et administrations locales sont restées fermées mercredi. Comme la veille, l'aéroport international de Roland-Garros a fermé plus tôt.
Toutes les tentatives pour désamorcer le mouvement se sont avérées jusqu'à présent vaines. Dernière en date, celle du président de région Didier Robert, qui a annoncé le gel de la hausse d'une taxe spécifique à La Réunion sur les carburants, sans dissuader pour l'heure les "gilets jaunes".
Outre les réponses immédiates sur la sécurité et le prix du carburant, M. Griveaux a insisté sur "les questions de très long terme, la formation, l'emploi, la santé, qui ont été abordées dans le livre bleu des Outremer", présenté en juin dernier, alors que l'île affiche un taux de chômage de 22,8% et un taux de pauvreté de 40%, selon l'Insee.
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