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Les taxis européens dénoncent "l'ubérisation" à Bruxelles

Les taxis européens dénoncent "l'ubérisation" à Bruxelles
Des chauffeurs de taxi protestent contre Uber, le 16 septembre 2015 à BruxellesTHIERRY ROGE
 
 

Plusieurs centaines de chauffeurs de taxis européens ont paralysé mercredi avec leurs voitures les rues du centre de Bruxelles pour dénoncer le service de voitures avec chauffeur Uber, une manifestation émaillée d'altercations et échauffourées.

Ils étaient près de 400 dans tout Bruxelles, selon la police, faisant état d'une altercation entre les forces de l'ordre et une trentaine de chauffeurs parisiens.

Le van du chanteur Michel Polnareff, actuellement à Bruxelles, a été attaqué à coups d'extincteurs par des manifestants croyant qu'il s'agissait d'un véhicule Uber. "Si cela n'était pas suffisant, ils ont cassé le pare-brise sous peine de blesser mon chauffeur en le traitant de +sale Français+, a-t-il rapporté sur son compte Facebook.

Une semaine après une importante manifestation d'agriculteurs, venus réclamer de l'aide aux décideurs européens pour faire face à la crise du secteur laitier et porcin, l'accès à Bruxelles et la circulation dans le centre de la capitale belge ont à nouveau été fortement perturbés.

En pleine heure de pointe, des taxis ont également bloqué temporairement les autoroutes menant à l'aéroport international de Bruxelles. Selon une responsable de l'aéroport, plusieurs passagers ont raté leur vol.

Quelque 300 taxis se sont ensuite rassemblés aux alentours de la gare du Nord, avant de prendre la route du quartier Schuman, où siègent les institutions européennes.

"Nous venons de Madrid, nous venons de Barcelone et d'autres région d'Espagne, pour défendre les taxis et une Europe sans Uber et sans les autres applications similaires", a expliqué à l'AFP, Concha Guardado, responsable de l'association Elite Taxi de Madrid.

"Nous subissons de nombreux contrôles alors que des particuliers travaillent exactement comme des taxis sans payer les mêmes taxes. Nous subissons une concurrence déloyale, c'est pour ça qu'on est ici, pour défendre le taxi et pour créer un accord collectif de tous les taxis européens", a-t-elle ajouté.

Née en Californie et arrivée en Europe il y a environ deux ans, le service Uber met en relations, grâce à l'application pour smartphone UberPop, ses clients et des particuliers disposant de voitures, qui effectuent des courses à prix cassés.

La société américaine, dont le modèle a bousculé le secteur du transport, doit faire face dans plusieurs pays à des recours en justice. A Bruxelles, certains chauffeurs arboraient sur leur pare-brise le slogan "Uber = mafia".

- 'Uber hors d'Europe!' -

"Nous participons à cette manifestation contre l'+ubérisation+ de notre profession, qui représente pour nous une précarisation de nos conditions de travail", a déploré Daniel Eusepi, qui opère à partir de l'aéroport de Bruxelles.

"Nous avons des examens qui prouvent que nous sommes aptes à la conduite, nous avons des assurances qui coûtent cher. Eux, ce qui les intéresse, c'est les profits et le reste, ils ne veulent pas savoir. Je pense que les gens ne se rendent pas compte du danger. En cas d'accident, les compagnies d'assurance vont se retourner contre le chauffeur Uber", a averti M. Eusebi.

"Nous tous, taxis de toute l'Europe, faisons face au même problème avec Uber. Ils ne respectent pas les règles. Nous disons: +Assez, assez de ce système corrompu+", a renchéri Kamel Abdellaoui, un chauffeur de "Black cab" londonien stationné au pied du siège de la Commission européenne.

"Nous voulons une chose: Uber hors d'Europe", a-t-il ajouté.

Uber continue à opérer à Bruxelles malgré une interdiction prononcée en avril par la justice belge, contre laquelle la société a fait appel, dénonçant un "abus de position dominante" du secteur des taxis.

Les autorités locales ont promis l'hiver dernier un plan destiné à faire cohabiter les différents services de transports, sans donner jusqu'ici plus de détails.

Selon un sondage publié mercredi par le quotidien La Libre Belgique, seuls 7% des Belges sont pour une interdiction pure et simple d'Uber. Mais ils sont 52% pour un encadrement plus strict du service, contre 10% pour le "laisser-faire".


 

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