L'Allemagne et la France sont les principaux bénéficiaires des aides directes promises par la Commission pour faire face à la crise sur les marchés agricoles, a annoncé l'exécutif européen en marge d'une réunion informelle des 28 ministres de l'Agriculture à Luxembourg.
Sur le paquet de 500 millions d'euros annoncé le 7 septembre, 420 millions seront versés directement aux Etats membres, selon une répartition prenant en compte les niveaux de production de lait et les impacts conjoncturels comme l'embargo russe ou la sécheresse.
L'Allemagne va ainsi recevoir 69,2 millions d'euros et la France 62,9 millions d'euros. Suivent le Royaume-Uni (36,1 millions), la Pologne (28,9 millions), les Pays-Bas (29,9 millions), l'Espagne (25,5 millions) et l'Italie (25 millions) comme principaux bénéficiaires.
La Commission européenne a décidé d'accorder "un maximum de flexibilité" aux Etats membres sur la façon dont ils alloueront ces aides aux différents secteurs touchés par la crise, selon l'expression employée par le commissaire à l'Agriculture Phil Hogan.
Les Néerlandais utiliseraient ainsi ces aides plutôt pour un abattage avancé des porcs, les Allemands pour des prêts préférentiels aux agriculteurs, selon des exemples cités par une source proche du dossier.
Cette partie du paquet de la Commission pourrait être versée dès la mi-octobre. Le reste, 80 millions d'euros, se répartit dans des mesures de soutien aux marchés.
Concession apportée par rapport aux annonces précédentes, l'aide au stockage privé (APS) va désormais concerner également le lard sur le marché du porc.
Par ailleurs, un nouveau programme d'APS va être mis en place pour le lait écrémé en poudre, faisant plus que doubler l'aide financière et allongeant la durée de stockage. La Commission table sur quelque 100.000 tonnes qui seraient ainsi tenues éloignées du marché, a précisé une source à la Commission, afin de tenter de redynamiser des prix en chute.
Enfin, sur les avances possibles aux aides de la PAC accordées par chaque pays membre aux agriculteurs, la Commission va alléger les contrôles pour permettre de faire jusqu'à 70% des avances dès la mi-octobre.
La réunion, informelle, des 28 ministres de l'Agriculture à Luxembourg a vu son ordre du jour chamboulé après l'annonce du 7 septembre et l'exigence des Etats membres d'obtenir plus de détails sur les aides à venir.
La question d'un relèvement du prix d'intervention, soutenue par la France et une dizaine d'autres pays, restait écartée des débats, selon une source européenne.
Par ailleurs, environ 30 millions d'euros vont être consacrés à un programme visant à assurer la distribution de lait européen à des réfugiés.
De leur côté, les agriculteurs continuaient de mettre la pression sur les dirigeants européens: après la puissante démonstration paysanne du 7 septembre à Bruxelles, quelques centaines d'entre eux manifestaient dans le calme, avec une cinquantaine de tracteurs, devant le bâtiment européen où sont réunis les ministres de l'Agriculture à Luxembourg.
Ces producteurs de lait belges du syndicat European Milk Board (EMB) ont traversé la frontière au petit matin, avec barrage filtrant et distribution de tracts, avant d'arriver à Luxembourg, selon la police.
Lundi, des manifestants avaient retardé une visite de certains ministres dans une ferme de la campagne luxembourgeoise.
Vos commentaires