Soucieux de rattraper leur retard sur les géants américains et chinois, les constructeurs allemands, à l'instar de BMW et Daimler jeudi, s'allient entre rivaux pour développer la voiture autonome et électrique de demain.
Le constructeur bavarois et le fabricant des Mercedes-Benz, qui se disputent la place de leader sur les voitures haut de gamme, ont signé un accord de coopération "stratégique et à long terme" portant notamment sur la conduite autonome sur autoroute et des systèmes permettant aux véhicules de se garer sans intervention humaine.
Si les deux constructeurs ne plancheront pas sur l'ultime niveau d'autonomie, le niveau 5 c'est-à-dire celui où les véhicules roulent sans aucune intervention humaine, ils comptent bien discuter par la suite d'une coopération encore plus large.
Considérée comme le Graal des transports du futur, la conduite autonome, en parallèle de l'électrification et plus largement de l'évolution des habitudes de déplacements, fait partie des grands défis que doivent relever les constructeurs, confrontés à la concurrence des nouveaux acteurs de la tech.
"Je pense qu'il y a une obligation de coopérer", explique à l'AFP Stefan Bratzel, directeur du Center of Automotive Management, basé en Allemagne.
"Les investissements sont nombreux, très lourds et à haut risque, et le retour sur investissement ne sera pas très rapide", poursuit-il, et "même d'anciens rivales voient l'urgence" de s'associer.
"BMW et Daimler sont des compétiteurs, et le resteront" et la coopération "ne deviendra pas une entreprise commune", rassure sur le blog de Daimler Michael Hafner, responsable de la recherche en automatisation chez Mercedes-Benz.
Mais "répartir les défis technologiques et le poids financier de la voiture autonome sur plusieurs épaules est sensé", note-t-il.
- "Exigence économique" -
Les deux groupes n'en sont d'ailleurs pas à leur première alliance sur la "voiture robot": BMW développe notamment avec Intel et Fiat des voitures partiellement autonomes à horizon 2021. Daimler de son côté s'est associé à son voisin stuttgartois Bosch, plus grand équipementier mondial.
Ces derniers testeront en 2019 des véhicules de haut degré d'autonomie aux Etats-Unis.
"Etre ouvert à des alliances afin de répartir les investissements sur plusieurs épaules est, je pense, une exigence économique", a d'ailleurs expliqué fin janvier le patron de Bosch, Volkmar Denner, à propos de la conduite autonome.
Les coopérations actuelles de BMW et Daimler restent inchangées malgré le nouvel accord, ont précisé les deux groupes. Mais ils "vont évaluer d'autres coopérations avec des entreprises technologiques et constructeurs automobile".
Seul absent notable dans cette effervescence d'alliances allemandes: Volkswagen.
Si les rumeurs d'une grande alliance rassemblant Daimler, BMW, Volkswagen, Bosch et l'équipementier Continental se sont multipliées ces derniers mois, le Wall Street Journal a rapporté en début de semaine que Volkswagen et Ford pourraient étendre à la voiture autonome leur coopération dans la constructions de fourgons, annoncée en début d'année.
- Nouveaux acteurs -
VW a pour l'instant choisi se s'associer à la start-up américaine de conduite autonome Aurora, qui bénéficie du soutien d'Amazon. Car les constructeurs historiques sont loin d'être seuls dans la course: la filiale Waymo de Google est considérée comme l'une des plus avancées dans le domaine de la conduite autonome et Tesla, Uber, Apple ainsi que le moteur de recherche chinois Baidu ont également lancé des projets.
Waymo travaille d'ailleurs avec Fiat Chrysler et Jaguar Land Rover, et serait en discussions avec Renault-Nissan-Mitsubishi, selon la presse japonaise.
Mais au delà de la conduite autonome, les nouveaux acteurs bousculent les constructeurs établis également sur l'électrique et les services de mobilité, comme l'autopartage ou les VTC.
Pour s'adapter à ces nouvelles habitudes de déplacement en ville, Daimler et BMW ont annoncé la semaine dernière un milliard d'euros d'investissements pour lancer leur nouvelle offre commune de mobilité urbaine tandis que Volkswagen travaille avec Microsoft.
Sur l'électrique enfin, dominé par l'américain Tesla et les fournisseurs asiatiques de cellules de batteries, les gouvernements français et allemand ont détaillé la semaine dernière une stratégie industrielle visant à créer des "champions" européens, et dont le premier projet sera la production de batteries pour l'automobile.
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