L'aide massive promise par Olaf Scholz aux entreprises et ménages allemands se profile : le bouclier tarifaire sur les prix de l'énergie entrera en vigueur début 2023 pour lutter contre l'inflation, malgré les vives critiques des Européens.
"L'aide d'urgence arrive!", s'est félicité le chancelier allemand Olaf Scholz sur Twitter, après la publication d'une feuille de route mercredi et l'adoption de premières mesures en Conseil des ministres.
Le plafonnement des prix du gaz et de l'électricité est destiné à soutenir ménages et entreprises, alors que l'inflation dépasse 10% dans le pays.
Il est le principal volet du "bazooka" financier à 200 milliards dévoilé en septembre, qui a irrité plusieurs partenaires européens de l'Allemagne, critiquée pour son cavalier seul.
Berlin assure, de son côté que ces mesures sont similaires, en proportion, à d'autres plans d'aides adoptés en Europe, notamment en France.
Les prix du gaz bloqués
Concrètement, les prix du gaz seront bloqués dès "le 1er janvier" pour quelque 25.000 grandes entreprises, près de 2.000 hôpitaux et toutes les écoles, puis au "1er mars" pour les ménages et les PME. Une prise en charge rétroactive des factures du mois de février est également "envisagée".
Le gouvernement subventionnera 80% de la consommation des ménages. Au-delà de ce volume, les particuliers paieront le gaz au prix du marché.
Berlin prévoit un plafonnement à "12 centimes le kilowattheure" et même à "9,5 par kilowattheure" pour le chauffage au gaz, contre une moyenne de 18,6 centimes actuellement, selon le comparateur de prix Check24. Ce plafonnement est prévu jusqu'en avril 2024.
Pour les industriels, le prix du gaz sera fixé à 7 centimes par kilowattheure, dans la limite de 70% de la consommation. Concernant l'électricité, le mécanisme de plafonnement entrera en vigueur au "1er janvier", à "40 centimes par kilowattheure", pour les ménages et 13 centimes pour les grosses entreprises.
L'Allemagne, première économie d'Europe, est frappée de plein fouet par l'envolée des prix de l'énergie qui affecte le continent depuis la guerre en Ukraine. Elle était très dépendante des livraisons de gaz russe, drastiquement réduites.
L'industrie, moteur de l'économie allemande, appelle à l'aide depuis des mois, affirmant que l'existence de milliers d'entreprises est menacée dans le pays qui s'apprête à entrer en récession. Certaines entreprises affirment douter de leur avenir dans le pays, comme le leader de la chimie BASF qui veut réduire de "manière permanente" la voilure en Europe, notamment sur son site emblématique de Ludwigshafen (ouest). Le sidérurgiste Arcelor Mittal a de son côté fermé partiellement son usine de Hambourg, et mis en chômage partiel la plupart de ses salariés dans le pays.
Nouveaux emprunts
Les différents volets du paquet énergétique doivent encore être adoptés en conseil des ministres ou au parlement d'ici la fin de l'année. Olaf Scholz rencontre également mercredi après-midi les responsables des régions pour peaufiner le dispositif.
En attendant le plafonnement, le gouvernement prendra intégralement en charge les factures de gaz des ménages en décembre. Et 8 milliards d'euros seront débloqués immédiatement pour les hôpitaux et cliniques, elles aussi touchées par la crise.
Ces dépenses colossales seront financées par de nouveaux emprunts, dans le cadre d'un fonds de stabilisation de l'économie, créé pendant la pandémie.
Ce dispositif d'exception, hors cadre budgétaire annuel, permettra à l'Allemagne de soutenir son économie tout en revenant, dès l'an prochain, au "frein à l'endettement", principe constitutionnel qui lui interdit de s'endetter à plus de 0,35% du PIB par année.
Berlin complétera ce financement avec la nouvelle contribution européenne de solidarité sur les superprofits des entreprises énergétiques qui devrait rapporter "plusieurs dizaines de milliards d'euros", selon la feuille de route du gouvernement.
Ces dépenses colossales de l'Allemagne ont été mal accueillies en Europe, de nombreux pays reprochant à Berlin de manquer de solidarité et de faire preuve de concurrence déloyale avec les autres économies du continent.
"Il n'est pas bon" que l'Allemagne "s'isole", avait notamment lancé, lors d'un sommet européen mi octobre, le président français Emmanuel Macron.
D'autant que le gouvernement allemand s'est battu contre un blocage des prix à l'échelle européenne, craignant pour la sécurité des approvisionnement en gaz si une telle mesure était adoptée sur le continent.
Vos commentaires