L'Italie se préparait à une journée de deuil samedi pour les 278 morts du séisme de mercredi dans le centre de la péninsule où des centaines de secouristes fouillaient encore les décombres, sans grand espoir de retrouver des survivants.
Les drapeaux seront en berne samedi dans tout le pays pour les funérailles des victimes d'Arquata del Tronto, une des trois localités des Apennins les plus touchées.
La cérémonie, avec une trentaine de cercueils dont plusieurs d'enfants, aura lieu en fin de matinée à Ascoli Piceno, au pied des montagnes meurtries, en présence du président de la République, Sergio Mattarella et du chef du gouvernement Matteo Renzi.
Une autre cérémonie, sans les corps, est prévue la semaine prochaine pour les victimes d'Accumoli et surtout d'Amatrice, sur l'autre versant de la montagne.
En attendant, certaines familles ont commencé à enterrer leurs morts. A Pomezia, au sud de Rome, l'évêque du diocèse a célébré vendredi après-midi les funérailles de six victimes, dont un garçon de 8 ans et deux adolescentes.
Selon un dernier bilan de la protection civile, le nombre de décès constatés s'élève désormais à 278 morts, dont 218 à Amatrice, tandis que 388 blessés ont été hospitalisés. Aucun survivant n'a été retrouvé depuis jeudi.
Dans le froid de la nuit, à la lumière des projecteurs ou dans la chaleur étouffante du jour, les efforts se poursuivaient pourtant sans relâche, en particulier à Amatrice, avec un va-et-vient incessant de secouristes et maîtres-chiens dans des volutes de poussière.
- 'Continuer à fouiller' -
"Nous allons continuer à fouiller et à creuser jusqu'à avoir la certitude qu'il ne reste plus personne", a assuré Luigi D'Angelo, responsable local de la protection civile.
Mais les secouristes ont commencé à déblayer les décombres avec des pelleteuses, signe que l'espoir de retrouver des survivants s'amenuise.
Dans le village, une longue file de voitures: les familles des victimes viennent reconnaître les corps, faute de quoi la justice interdit leur évacuation. Une démarche délicate et d'autant plus compliquée que ce village touristique accueillait aussi des étrangers dont les familles sont encore loin.
Un couple et un adolescent britanniques figurent parmi les victimes, selon un communiqué de leurs familles, ainsi qu'au moins cinq autres étrangers, selon la presse ou les autorités locales: deux Roumains, une Espagnole, un Canadien et une Salvadorienne.
Le travail des secouristes était aussi compliqué par les multiples répliques: plus d'un millier enregistrées depuis mercredi, en particulier une secousse d'une magnitude de 4,8 vendredi à l'aube.
A chaque réplique, un nouveau mur s'écroule, un autre se fissure... Ainsi, un pont menant à Amatrice est devenu inutilisable, obligeant les secours à aménager à la hâte une déviation.
Dans les bourgs aux alentours, la tension restait vive. A l'entrée du hameau de San Lorenzo et Flaviano, tout près d'Amatrice, la petite route serpentant dans la montagne était ainsi bloquée, une pelleteuse de l'armée tentant frénétiquement de déblayer les décombres d'une maison sur la chaussée.
- 2.500 sans-abris -
"Les secours sont tous à Amatrice, ils oublient les hameaux autour", déplorait Marco Barba, arrivé dans la matinée de Rome pour apporter des vêtements et des provisions à ses proches, tandis qu'un homme chargé de livrer des toilettes chimiques se désespérait de parvenir à destination.
Des images aériennes de la région montraient d'ailleurs des villages et des hameaux aux ruines dégringolant sur les flanc de montagne, avec en contrebas les tentes bleues alignées pour héberger les rescapés.
De nombreux sinistrés étaient de passage, venus en touristes ou dans leur famille, et sont rentrés chez eux. Mais la protection civile a recensé près de 2.500 personnes désormais privées de toit, qui passeront vendredi soir une nouvelle nuit dans l'une des grandes tentes aménagées.
Jeudi soir, le gouvernement a proclamé l'état d'urgence dans les régions touchées et débloqué une première enveloppe de 50 millions d'euros. Un nouveau plan de prévention antisismique a aussi été annoncé, après les interrogations sur le lourd bilan humain de ce séisme dans une zone clairement identifiée comme à risque.
En 2009, un autre séisme avait fait plus de 300 morts à L'Aquila, à une cinquantaine de kilomètres. Mais il s'agissait alors d'une ville de plusieurs dizaines de milliers d'habitants.
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