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Sous la pression de la rue, Berlin promet 100 milliards pour le climat

 

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Les partis de la fragile coalition gouvernementale d'Angela Merkel ont accouché au forceps d'une stratégie pour le climat représentant 100 milliards d'euros d'investissements d'ici 2030, sous la pression de manifestations massives dans toute l'Allemagne.

Cette somme sera investie "pour la protection du climat et la transition énergétique", selon le texte final d'un accord décroché après plus de 18 heures d'âpres négociations entre les conservateurs de la chancelière et les sociaux-démocrates.

Le texte, dont l'une des mesures phares est un investissement de 86 milliards d'euros d'investissements répartis entre le gouvernement et la Deutsche Bahn pour la seule rénovation du rail, doit encore être adopté en conseil des ministres.

Le gouvernement compte dépenser 54 milliards d'euros pour les quatre premières années du plan, d'ici 2023, a précisé à la presse le ministre des Finances Olaf Scholz.

L'enjeu consiste à prendre des mesures pour inciter les Allemands à réduire les émissions polluantes, et permettre au pays, aujourd'hui en retard, d'atteindre ses objectifs de réduction d'émissions polluantes.

Les partis ont convenu d'un mécanisme, soutenu par un conseil d'experts, visant à contrôler la mise en oeuvre des mesures. Il s'agit "d'une sorte de garantie que nous remplirons pas à pas nos objectifs", a assuré Angela Merkel.

- 'Merci Greta' -

L'annonce intervient alors que plus d'un million de manifestants sont descendus dans la rues pour la défense du climat vendredi dans l'ensemble du pays, selon les organisateurs, dont 270.000 à Berlin, ou encore 100.000 à Hambourg.

Sur leurs pancartes figuraient des slogans comme "quand vous aurez fait vos devoirs, nous ferons les nôtres!", "il n'y a pas de planète B" ou encore "Merci Greta", pour Greta Thunberg, l'égérie suédoise à l'origine du mouvement FridaysforFuture.

Ils n'étaient pas les seuls à la remercier. "Si quelque chose m'impressionne, je dois dire en tant que scientifique, c'est d'entendre Greta Thunberg dire: +soyons tous unis derrière la science+", a déclaré Angela Merkel, physicienne de formation.

Concrètement, la stratégie du gouvernement comprend une panoplie de mesures destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'énergie, le bâtiment, l'agriculture, l'industrie et les transports.

Cela va de la promotion des transports publics et des trains, à l'augmentation du prix des voyages en avion en Allemagne, ou à diverses subventions pour le développement des voitures électriques ou pour des chauffages individuels efficaces et propres.

Les partis se sont disputés sur son financement, compliqué par le fait que le gouvernement refuse de contracter de nouvelles dettes, mais surtout sur le système de "prix du carbone" destiné à inciter ménages et entreprises à réduire leurs émissions.

Ils se sont finalement mis d'accord sur un marché national de quotas d'émissions et ont renoncé à adopter une "taxe carbone": plébiscité par la plupart des experts pour son caractère incitatif, un tel impôt était potentiellement impopulaire auprès des électeurs, particulièrement de ceux qui prennent chaque jour leur voiture.

- 'Un scandale' -

Les premières réactions au plan étaient mitigées. "Nous n'avons pas une percée, mais un scandale", a twitté Luisa Neubauer, porte-parole de FridaysforFuture en Allemagne.

La co-présidente des Verts Anna-Lena Baerbock a jugé le paquet "trop lent, laxiste et non contraignant", tandis que l'institut économique de Berlin DIW y voyait lui "un premier pas important", même si sa spécialiste de l'énergie déplorait sur Twitter le recours "peu efficace" au marché du carbone.

L'Allemagne a déjà décidé en début d'année d'abandonner le charbon d'ici 2038, mais il lui reste à programmer la fermeture de ses mines et centrales. Un chantier d'autant plus délicat qu'elle doit parallèlement achever d'ici 2022 sa sortie du nucléaire.

Et sa puissante industrie automobile a longtemps privilégié les véhicules essence ou diesel avant de prendre sur le tard le virage de l'électrique.

Résultat: le pays qui s'était engagé à réduire les émissions de CO2 de 40% comparé à 1990, n'aura atteint qu'un tiers. En 2030, il vise une réduction de 55%.

Politiquement, la coalition constituée l'an dernier dans la douleur jouait aussi sa survie sur un accord, condition mise par les sociaux-démocrates à leur maintien dans le gouvernement.

Vendredi, le ministre des Finances a semblé dire que l'objectif était atteint. "La dimension des décisions prises est largement supérieure" aux attentes de ces derniers jours, a-t-il jugé.


 

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