Après de longues années de débat, l'Autriche va finalement mettre un terme à une exception en Europe en interdisant le tabac dans les cafés et restaurants à partir de novembre, a décidé mardi le parlement.
"Nous allons protéger la santé et prolonger la vie de centaines de milliers d'Autrichiens", s'est réjoui la cheffe des sociaux-démocrates Pamela Rendi-Wagner dont le parti était en pointe de la croisade pour que l'Autriche cesse d'être "le cendrier de l'Europe".
Jusqu'à aujourd'hui, la consommation de tabac restait possible en Autriche dans les établissements dotés d'espaces fumeurs séparés, et dans ceux d'une superficie inférieure à 50 m2 si leur exploitant le souhaite. De très nombreux établissements ont cependant déjà opté de leur plein gré pour l'interdiction de fumer.
Une proposition de loi pour interdire totalement le tabac dans les restaurants et les bars à partir du 1er novembre a été approuvée mardi par l'ensemble des formations parlementaires, à l'exception du parti d'extrême droite FPÖ qui avait pu bloquer ces derniers mois l'évolution de la législation sur le tabac.
En 2015, sociaux-démocrates et conservateurs avaient en effet adopté une législation anti-tabac dans la restauration, mais cette loi a été abrogée lorsque le FPÖ est arrivé au pouvoir, fin 2017, en coalition avec les conservateurs du chancelier Sebastian Kurz
L'ex-patron de l'extrême droite, Heinz-Christian Strache, lui-même grand fumeur, en avait fait une condition sine qua non de son alliance avec la droite.
Cette saga législative a rebondi lorsque la coalition droite-extrême droite a éclaté au mois de mai dans la foulée du scandale de l'Ibizagate. Cette affaire, qui a coûté tous ses mandats à M. Strache filmé en train de négocier des marchés publics avec des intermédiaires étrangers, a entraîné la nomination d'un gouvernement d'experts jusqu'aux législatives anticipées de septembre.
En l'absence de coalition constituée au parlement, les sociaux-démocrates, conservateurs, libéraux et écologistes ont formé un front commun contre l'extrême droite et imposé mardi l'interdiction du tabac.
Le revirement de la coalition droite-extrême droite sur cette question avait suscité la fronde des professionnels de santé et d'une partie de l'opinion publique.
Lancée notamment par l'Ordre des médecins, une pétition anti-tabac avait recueilli en 2018 près de 900.000 signatures représentant près de 14% du corps électoral et plus de 10% de la population totale du pays, qui compte 8,8 millions d'habitants.
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