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L'euphorie retombe autour des véhicules autonomes

L'euphorie retombe autour des véhicules autonomes
La nouvelle voiture électrique Polestar 2 exposée au salon automobile de Genève, le 4 mars 2019Fabrice COFFRINI
 
 

Les constructeurs automobiles sont devenus prudents dans leur communication sur les voitures autonomes: les produits spectaculaires initialement annoncés pour 2020 ont été repoussés à plus tard face à la complexité et au coût de ces technologies.

Au salon automobile de Genève, la voiture électrique est partout, le véhicule autonome quasiment nulle part. Depuis les accidents de véhicules de Tesla et Uber l'an dernier aux Etats-Unis, l'enthousiasme semble un peu retombé, même si les entreprises continuent d'investir des sommes colossales dans la recherche.

"Une grande partie de l'euphorie a disparu", a reconnu lundi soir Herbert Diess, patron de Volkswagen.

La semaine dernière, les deux géants allemands du haut de gamme, BMW et Daimler (Mercedes-Benz), ont annoncé qu'ils allaient regrouper leurs efforts dans ce domaine. Ils ne parlent plus de "voitures autonomes" mais de "systèmes d'assistance à la conduite et de conduite hautement automatisée sur autoroute" prêts à être commercialisés "au milieu des années 2020"...

"Les gens s'attendaient à ce que ça arrive plus rapidement" mais aujourd'hui, "on n'est pas encore prêt à avoir un véhicule autonome sans frein et sans volant", a expliqué à l'AFP François Guichard, secrétaire d'un groupe de travail des Nations Unies sur la réglementation des véhicules autonomes.

Il est clair que les accidents mortels très médiatisés survenus aux Etats-Unis "ont créé un doute" dans l'esprit du public, estime Guillaume Crunelle, responsable automobile pour le cabinet Deloitte.

"La filière automobile est consciente qu'on ne va pas donner beaucoup de droit à l'erreur à la conduite autonome. Il va y avoir une vraie prudence avant une mise sur la route. Cela va venir, mais pas tout de suite, on est en train d'entrer dans un âge de raison", dit-il.

Le constructeur californien Tesla assure qu'il sera prêt "vers la fin de l'année au niveau de la technologie pour qu'un véhicule roule de façon autonome sur autoroute, mais il faudra que la législation soit prête".

Il y a "différents freins à surmonter", explique Thomas Morel, chargé de l'automobile chez McKinsey, parmi lesquels "le prix". Il faut "plus de 50.000 euros de technologie rien que pour autonomiser le véhicule", constate-t-il.

- "Science-fiction" -

"Lâcher le volant sur l'autoroute, on n'en est pas loin" techniquement, assure cet expert. Mais à l'horizon 2030, il table, dans le scénario le plus optimiste, sur 15% de véhicules autonomes, c'est-à-dire permettant de lâcher complètement le volant dans certaines circonstances, et moins de 3% dans le scénario le plus pessimiste.

La société américaine Waymo, filiale d'Alphabet, maison mère de Google, "est le leader des voitures autonomes: chaque mois elles font plus d'un million de kilomètres", rappelle M. Morel. Mais il prévoit de nombreuses alliances car les sommes à investir "sont tellement conséquentes".

Le patron de PSA, Carlos Tavares, a même reconnu que le coût d'une voiture particulière autonome était trop élevé par rapport à sa valeur pour le client: "cela n'a pas de sens pour l'avenir de développer des voitures particulières qui seront aussi coûteuses".

Mais il a aussitôt précisé qu'il existait un marché pour les navettes autonomes et les robots taxis, "des véhicules dont le coût des technologies seront partagés".

Pour les voitures particulières, les constructeurs risquent d'en rester pendant longtemps à des aides à la conduite de plus en plus sophistiquées, le marché du 100% autonome semblant réservé à des véhicules exploités par des entreprises de transport.

Jacques Aschenbroich, patron de l'équipementier Valeo, pense qu'il "y aura dans les années qui viennent de plus en plus de robots taxis qui seront dans des parties de ville bien identifiées, au milieu du trafic". Il s'agira d'un "nombre relativement limité de véhicules", selon lui.

Tommaso Pardi, directeur du centre de recherche Gerpisa, est réservé sur les perspectives. Pour lui, "les robots taxis existeront peut-être dans des contextes très précis, limités à des quartiers d'une ville et opérés à une vitesse raisonnable... Mais l'idée de remplacer les systèmes existants par des flottes de robots taxis appartient pour l'instant à la science-fiction".


 

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