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La Banque centrale européenne dépense des centaines de milliards pour relancer l'économie: est-ce que ça marche?

La Banque centrale européenne dépense des centaines de milliards pour relancer l'économie: est-ce que ça marche?
Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE)
 
 

Dans le Bel RTL Eco de ce vendredi, l'économiste Bruno Wattenbergh décrypte et analyse les mesures prises par la Banque centrale européenne. Cette semaine, la fait un an que la BCE a lancé sa politique d’injection de cash, l’occasion de tirer un premier bilan.

La Banque centrale européenne a décidé hier de prolonger ses interventions massives pour soutenir l’économie, un an après le début de cette politique, quel est le résultat?

Impressionnant: 601 milliards d'euros de rachat de dettes publiques européenne depuis le 9 mars 2015. Dont 19,3 milliards de dette belge. Et 129 milliards d’euros d’actifs privés rachetés sur les marchés. En gros, cela fait 60 milliards d’argent frais réinjectés mensuellement dans l’économie européenne pour stimuler les banques à prêter, les entreprises à investir, les citoyens européens à consommer, voire à acheter des actions. Un montant qui va passer à 80 milliards par mois.

La BCE a aussi annoncé hier qu’elle baissait son taux central à 0%, les banques peuvent donc emprunter de l’argent sans payer de taux d’intérêt. Ensuite, elle a annoncé qu’elle faisait passer de -0,30 à -0,40% son taux de dépôt pour pénaliser encore plus les banques qui stockent de l’argent à la BCE.


La question que tout le monde se pose est: est-ce que ça marche?

Le bilan est positif mais un peu mitigé quand même. L’objectif officiel de la BCE est d’atteindre et de maintenir une inflation tournant autour de 2%. On est loin du compte avec -0,2% le mois passé. Le second objectif de la politique de la BCE était de soutenir le marché des actions, en rachetant de la dette publique, l’argent est poussé vers les bourses. Là aussi, le résultat est un peu mitigé. Les marchés ayant essuyé de sérieuses corrections ces derniers mois. Mais dans les deux cas, la BCE bénéficie de circonstances atténuantes, avec le ralentissement économique aux Etats-Unis et en Chine, ou encore avec la chute des prix du pétrole. Mais sans l’action de la BCE nous serions sans doute en déflation et les marchés des actions seraient moins dynamiques. Donc merci la Banque centrale européenne.


Oui, mais l’impact sur la croissance reste faible et il y a un risque de bulles?

La croissance est faible, mais elle est là! Et si la BCE n’avait pas rassuré les marchés, en Europe et ailleurs, tant la consommation que les marchés n’auraient pas soutenu la croissance. Enfin, n’oublions pas l’impact de la politique de la BCE sur le taux d’intérêt auquel se financent les membres de la zone euro, ce qui profite à des pays européens qui peinent à maitriser leur déficit public. Ou sur la baisse de l’euro, ce qui profite à la compétitivité de nos entreprises, donc à nos exportations, donc à notre croissance.

Quant aux bulles, oui c’est vrai, il y a un risque de bulles, de surévaluations financières, et c’est tellement vrai que les corrections que nous avons connues depuis 8 mois sont là pour le rappeler.


Est-ce que la BCE pourrait aller plus loin?

La BCE ne peut pas tout. Ce qu’elle attend aujourd’hui, c’est que les états membres, prennent aussi leurs responsabilités et se réforment structurellement. La BCE est au bout de ses possibilités.


 

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