La BCE a gardé jeudi ses taux d'intérêt et son programme de rachat de dettes inchangés, une décision anticipée par les marchés, qui attendent des éclaircissements du président, Mario Draghi, sur l'avenir de la politique ultra-accommodante en zone euro.
Le principal taux directeur reste à 0%, son plus bas niveau historique, a annoncé la Banque centrale européenne à l'issue de la réunion de son conseil des gouverneurs.
L'institut de Francfort a aussi conservé en l'état le taux de prêt marginal, abaissé à 0,25% en mars, et le taux de dépôt, porté en territoire négatif pour la première fois en juin 2014 et qui stationne désormais à -0,40%.
Il a enfin confirmé la poursuite jusqu'à fin mars 2017, ou "au-delà si nécessaire" de son programme de rachat de dettes.
Les marchés attendent désormais avec impatience la conférence de presse de Mario Draghi, prévue à partir de 12H30 GMT. Ils ont besoin d'être rassurés après des rumeurs affirmant que la BCE envisageait de durcir sa politique.
- Nervosité -
L'Italien devrait "minimiser l'importance des craintes concernant un +tapering+", à savoir une sortie progressive de la politique ultra-accommodante en zone euro, estime Jennifer McKeown, de Capital Econmics.
Début octobre, l'agence Bloomberg News - citant des sources proches de l'institut - avait évoqué des réflexions sur un "tapering", à un moment où des doutes avaient surgi quant aux capacités techniques de la BCE à trouver, chaque mois, pour 80 milliards d'euros de titres à racheter en respectant les critères qu'elle s'est elle-même fixés.
Malgré le démenti de la BCE, ces rumeurs ont dopé les taux d'emprunt et rendu les marchés nerveux.
"Il est trop tôt pour que la BCE livre des indications sur sa stratégie de sortie", souligne Florian Hense, de Berenberg. Pour le moment, elle "veut que les marchés se concentrent sur une probable extension de son programme d'achats", juge-t-il.
- Décision en décembre -
Pour Jennifer McKeown, Mario Draghi devrait dès ce jeudi "préparer le terrain à une extension du programme de rachat de titres", pour stimuler une économie et une inflation toujours trop faibles en zone euro.
Si l'inflation a atteint son plus haut niveau en septembre depuis près de deux ans, à 0,4%, elle reste très loin de l'objectif d'un peu moins de 2% de la BCE.
Un changement n'est en revanche attendu que lors de la réunion du 8 décembre, quand la BCE aura en main les nouvelles prévisions de croissance et d'inflation, sur lesquelles elle s'appuie pour justifier ses changements de politique.
Plusieurs événements politiques, comme les élections américaines du 8 novembre et le référendum italien du 4 décembre sur lequel le chef du gouvernement, Matteo Renzi, joue son avenir politique, devraient aussi inciter la BCE à patienter, estiment les analystes. S'ajoutent les inconnus sur l'impact du "Brexit" et sur une prochaine remontée des taux par la Réserve fédérale américaine.
Les économistes tablent sur une extension des achats de dette au-delà de mars 2017 et sur un assouplissement des règles que se fixe la BCE pour acquérir ces titres.
En abreuvant le circuit financier d'argent frais, l'institut veut stimuler le crédit et encourager ainsi investissements et consommation pour, au final, relancer l'économie et les prix.
Vos commentaires