Une nouvelle étude internationale confirme que le scandale des moteurs truqués de Volkswagen n'était pas un cas isolé. L'écart entre la consommation affichée d'un véhicule et la consommation réelle vaut pour tous les constructeurs. Cet écart a été multiplié par cinq au cours de ces dix dernières années. Olivier Pierre, Benjamin Vankelst et Anne Lutgen font le point sur une situation qui coûte cher au consommateur.
Dans l'étude réalisée par Transport&Environnement (T&E), un million de voitures européennes a été testé. D'après cette analyse, la différence entre la consommation affichée par les constructeurs et la consommation réelle n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui. Entre les deux valeurs, l'écart représentait 14% en 2016, alors qu'il représente aujourd'hui 42%.
Ces chiffres sont des moyennes. Chez Mercedes, qui occupe la tête du classement, l'écart atteint même les 54%. L'association T&E présente d'ailleurs la marque comme "la plus grande déception dans l'économie de carburant de l'histoire européenne".
Les constructeurs adaptent les véhicules… et iraient plus loin
Ce qui est en cause? L'adaptation des véhicules avant de subir le test de consommation. "Ça peut être par exemple un véhicule qui est plus proche du prototype que du véhicule de série. Ça peut être au niveau des pneumatiques qui sont surgonflés, ou des pneumatiques spécifiques avec une résistance au roulement plus faible, une batterie qui est rechargée systématiquement, etc.", explique Florent Grelier, un ingénieur travaillant pour T&E.
"Pour certains constructeurs, il y a des écarts si importants que nous même nous ne parvenons pas à les expliquer", ajoute l'ingénieur. Pour ces causes inexpliquées, l'association soupçonne l'usage d'un logiciel qui détecte les conditions du test en laboratoire et adapte la consommation du véhicule en conséquence, comme le faisait Volkswagen.
Un trou dans le portefeuille des clients… et de l'État
Il faut savoir que les émissions de CO2 sont directement liées à la consommation de carburant. Les astuces des constructeurs automobiles sont donc trompeuses à plus d'un titre… "En moyenne en Europe, le consommateur aura un surcoût de 450€ sur le carburant qu'il va utiliser à l'année. Ça a aussi un impact négatif pour les gouvernements, qui ne touchent pas les taxes qu'ils seraient en droit de percevoir sur ces véhicules", explique Florent Grelier.
Une nouvelle procédure mondiale de test en vue de l'homologation des véhicules entrera en vigueur l'an prochain. Saura-t-elle déjouer les astuces des constructeurs? L'enjeu est de taille…
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