Après quatre ans de hausse, les prix de logements français devraient continuer à monter cette année, selon les principaux réseaux d'agences, qui jugent que les incertitudes autour des retraites pourraient encore plus attiser la demande pour l'immobilier.
"On n'a jamais vu de prix de vente des appartements ou des maisons à un niveau aussi élevé en France", résumait lundi Laurent Vimont, président de l'antenne française de Century 21. "C'est un nouveau record."
Chez les presque 900 agences du deuxième réseau français, le prix moyen des appartements vendus a progressé en 2019 de 3,1% à 3.639 euros au mètre carré, et celui des maisons de 1% à 2.106 euros le m2.
La situation est semblable chez les autres grands réseaux. Appartements et maisons confondus, ils font tous état d'une hausse des prix: +1,5% chez Orpi (premier réseau avec 1.250 agences), +3,2% chez Laforêt (environ 700 agences), +3% chez l'Adresse (335 agences).
Tous enregistrent un bond du nombre de ventes en 2019, aux alentours de 10%.
Ces bilans sont très parcellaires et il faudra attendre fin février les chiffres des notaires pour avoir des données plus complètes. Mais les réseaux donnent une première idée de l'état du marché.
Celui-ci ne devrait pas changer en 2020, alors que les prix sortent de leur quatrième année de hausse: l'offre de logements reste en-deçà de la demande, d'autant que la construction ralentit depuis deux ans, et les projets d'achat sont alimentés par des conditions de crédits historiquement favorables, avec des taux qui n'ont jamais été aussi bas.
"Le pronostic, ce sont des prix qui vont légèrement augmenter en 2020: on va dire (de) 2%", a avancé M. Vimont, s'attendant en revanche à une stabilisation du nombre de ventes qui a pour la première fois dépassé l'an dernier le cap du million en France. "Ça sera un miracle si on fait plus d'un million de ventes en 2020", a-t-il prévenu.
- Placement refuge -
Ses concurrents prévoient aussi une hausse modérée des prix. Plus largement, leurs discours n'ont guère évolué depuis un an, témoignant d'un contexte qui change peu.
Certes, les autorités financières ont fait fin 2019 un premier pas pour restreindre la flambée des crédits immobiliers, en appelant notamment les banques à éviter de prêter sur plus de 25 ans. Mais ces mesures, pour l'heure purement incitatives, ne semblent pas en mesure de bouleverser le marché.
Il y a tout de même un nouvel élément à prendre en compte: le projet gouvernemental de réforme des retraites, à l'origine d'une mobilisation sociale à la durée sans précédent en France.
Les réseaux y voient une bonne nouvelle pour le marché, alors qu'ils craignaient voici un an les conséquences du mouvement des "gilets jaunes", finalement indolore pour les agences. Cette fois, ils jugent que l'immobilier apparaît comme un refuge, notamment pour les plus jeunes.
"La combinaison des taux bas et d'une certaine anxiété liée à leurs futures retraites encourage les jeunes à investir plus tôt pour constituer un patrimoine", estime Christine Fumagalli, présidente d'Orpi, citée dans un communiqué.
Ce tableau d'un marché porteur doit, par ailleurs, être relativisé par des situations contrastées à travers la France avec, comme premier symbole, l'essor des prix parisiens qui reste très supérieur à la moyenne -- ils ont pour la première fois dépassé l'an dernier les 10.000 euros le mètre carré.
Au-delà d'une opposition simpliste entre Paris et la province, le contraste est surtout marqué entre zones tendues - là où l'offre est la plus insuffisante, le plus souvent dans les grandes agglomérations - et détendues.
Chez Orpi, les prix sont ainsi restés stables sur les seules zones détendues (-0,2%), même si le réseau note un regain d'intérêt pour celles-ci de la part d'acheteurs prêts à assumer un temps de transport raisonnable.
"Même les zones rurales, +boudées+ il y a encore quelques années, profitent de prix qui n'ont que peu progressé et retrouvent leur attractivité", renchérit Yann Jéhanno, président de Laforêt, cité dans un communiqué.
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