Le gouvernement, confronté à une flambée du prix des énergies et notamment du gaz, a annoncé mardi des mesures "dans les tout prochains jours" pour désamorcer les risques d'un mouvement de protestation rappelant les gilets jaunes en pleine campagne présidentielle.
Lundi, le régulateur de l'énergie a annoncé une hausse de 12,6% TTC au 1er octobre des tarifs réglementés du gaz appliqués par Engie, dans le sillage de la hausse des cours sur le marché.
Les prix sont à des niveaux élevés en Europe pour diverses raisons: stocks bas, forte demande en Asie, incapacité de la Norvège et de la Russie à augmenter leurs livraisons.
"On a effectivement une augmentation très forte, qui suscite une inquiétude parfaitement légitime de nos compatriotes", a reconnu mardi sur Cnews le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Le sujet est d'autant plus épineux qu'une hausse des tarifs réglementés de l'électricité devrait suivre en début d'année prochaine. L'UFC-Que choisir craint une augmentation de 10%.
- "Bombe sociale" -
"C'est une bombe sociale à retardement qui va venir très rapidement, comme les +gilets jaunes+", a mis en garde sur France 2 l'ex-ministre socialiste Ségolène Royal.
Partageant cette inquiétude, l'exécutif avait déjà anticipé en annonçant dès le 15 septembre un chèque énergie exceptionnel de 100 euros pour aider près de 6 millions de ménages modestes à payer leur facture énergétique.
Engie a de plus annoncé mardi que ses conseillers pourront accorder "des étalements de paiement".
A six mois de la présidentielle, le sujet est trop inflammable pour laisser les oppositions politiques, qui multiplient les propositions, occuper seules le terrain.
Interpellé lors des questions au gouvernement à l'Assemblée, Jean Castex a affirmé avoir demandé à ses services "des actions complémentaires qui seront présentées dans les tout prochains jours".
Selon une source gouvernementale interrogée par l'AFP, ces mesures s'adressant aux ménages comme aux entreprises ne seraient pas forcément des leviers fiscaux (TVA) ou une nouvelle rallonge au chèque énergie, mais pourraient concerner des mécanismes de lissage en amont dans la construction du prix.
Les discussions sont en cours, a indiqué à ce propos mardi le président de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), mettant en garde contre les pronostics.
"Il faut travailler encore tout octobre, tout novembre, jusqu'au 15 décembre, il y a un budget qui sera voté au Parlement, des prix qui vont arriver, il y a des négociations qui sont en cours. Ce n'est pas le moment d'en parler, mais le moment d'y réfléchir", a dit Jean-François Carenco sur BFM Business.
- Supprimer les taxes -
Mais pour les partis d'opposition, il faut prendre immédiatement des mesures drastiques en réduisant les taxes.
"Ce qu'il y a de plus scandaleux (...), c'est que grâce aux taxes et à la TVA, plus les Français étouffent, plus l'État s'enrichit", s'est indignée sur Twitter la candidate RN à la présidentielle Marine Le Pen.
Le candidat communiste Fabien Roussel propose aux consommateurs un simulateur leur permettant de vérifier qu'en ramenant la TVA à 5,5% et en supprimant les autres taxes, ils réduiraient leur facture énergétique de 31,5%.
Ce grand défenseur de la filière nucléaire demande aussi "un service public de l'énergie avec EDF, avec Engie", pour reprendre "en main notre souveraineté en matière de production, de distribution d'énergie", a-t-il expliqué sur BFMTV.
"Il faut des réponses conjoncturelles immédiates", a martelé le député PS Boris Vallaud, appelant à s'attaquer à "la question de la hausse des rémunérations et des salaires".
De son côté, Bruno Le Maire a dénoncé "une aberration du marché unique de l'énergie européen" quand "la flambée du prix du gaz se répercute sur les prix de l'électricité" et a indiqué avoir écrit au président de l’Eurogroupe pour "transformer en profondeur le marché de l'énergie européen".
"Il n’est pas normal qu’il y ait un alignement sur le prix du gaz quand notre énergie est largement issue du nucléaire", a insisté le député MoDem Bruno Millienne
"Il faut travailler à une réforme, mais c'est suffisamment important pour y aller calmement et en discuter tous ensemble", a mis en garde M. Carenco.
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