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Charles Michel, retour sur le parcours d'un jeune prodige de la politique belge

Charles Michel, retour sur le parcours d'un jeune prodige de la politique belge
 
 

En s'adjugeant la présidence du Conseil européen, Charles Michel accède à 43 ans à l'une des plus hautes fonctions européennes. A la différence d'un Emmanuel Macron, le "jeune" prodige de la politique belge aura lui exercé une vaste série de fonctions politique, aussi bien locales et provinciales que régionales et fédérales. Retour sur le parcours belge du prochain président du Conseil européen.

Charles Michel baigne dans la politique depuis sa tendre enfance. Né le 21 décembre 1975, il est le fils aîné de Louis Michel, l'une des figures marquantes du libéralisme francophone, qui fut président du PRL-FDF, vice-premier ministre et commissaire européen. Licencié en droit de l'ULB et de l'Université d'Amsterdam, Charles Michel n'a pas attendu la fin de ses études pour se lancer en politique. En 1994, âgé d'à peine 18 ans, il est élu conseiller provincial du Brabant wallon. Cinq ans plus tard, il fait son entrée à la Chambre, où il est le benjamin de l'assemblée. Il prend notamment part aux travaux de la commission d'enquête sur la crise de la dioxine. Sa carrière déjà précoce connaît une ascencion fulgurante en octobre 2000. Le président du PRL-FDF-MCC, Daniel Ducarme, l'envoie au gouvernement wallon où il prend le portefeuille des Affaires intérieures et de la Fonction publique à Jean-Marie Séverin.

2006, il devient bourgmestre de Wavre

Il n'a alors que 24 ans. Le jeune ministre s'illustrera dans sa volonté de rationaliser le paysage touffu des intercommunales wallonnes. Il se heurtera au ministre-président de l'époque, Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS). Le conflit sera identique à propos de la réforme de la loi communale, notamment sur le principe de l'élection du bourgmestre, ou sur la réforme du Fonds des communes. Charles Michel est également à l'origine d'une réforme des provinces et de l'élaboration du Code wallon de la Fonction publique. En 2004, le PS choisit de s'allier avec le cdH et renvoie le MR dans l'opposition dans les Régions et à la Communauté française. Diverses explications circulent alors. Parmi elles, l'attitude de Charles Michel dans les dossiers liés aux communes et aux intercommunales qui aurait déplu à de nombreux mandataires socialistes. Pour éviter d'être évincé, Louis Michel prend les devants et s'en va à la Commission européenne. On lui prête alors la volonté de vouloir faire monter son fils à la présidence du parti. L'annonce d'une candidature de Serge Kubla ruine le projet et permet à Didier Reynders de se présenter comme le seul candidat et de décrocher la présidence tout en restant vice-Premier ministre. Charles Michel est désigné porte-parole du parti. En décembre 2006, Charles Michel succède à Charles Aubecq au maïorat de Wavre. Fin 2007, il monte dans le gouvernement Verhofstadt III pour y prendre le portefeuille de la Coopération qu'il conservera dans les exécutifs qui suivront.

Charles Michel prend la tête des libéraux

Le relatif échec du MR aux élections de 2009 et son maintien dans l'opposition commencent à agiter le parti. La grogne se mue en fronde après les élections de 2010, qui voient le Parti socialiste triompher. Charles Michel rassemble autour de lui un groupe de parlementaires dont le nombre ira croissant. Les "rebelles" du groupe Renaissance veulent mettre un terme à la double casquette de Didier Reynders, à la fois vice-Premier ministre et président du MR. La lutte sera âpre. Didier Reynders finit par renoncer à l'Avenue de la Toison d'or mais un candidat de son camp, Daniel Bacquelaine, se mesurera à Charles Michel au cours d'une élection présidentielle interne. Le second l'emportera fin janvier 2011. A cette époque, les libéraux font leur retour dans les discussions fédérales alors que la Belgique est embourbée dans la crise communautaire. Ils participent aux accords qui accouchent de la 6e réforme de l'État et le paient un prix élevé. Le FDF, et son président Olivier Maingain, ne peuvent accepter une scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde. En septembre 2011, la fédération PRL-FDF vole en éclats. Les élections communales d'octobre 2012 sont favorables au MR. Les libéraux décrochent le plus grand nombre de bourgmestres du côté francophone. Alors que certains observateurs prédisent un rapprochement entre socialistes et libéraux en vue du méga-scrutin du 25 mai 2014, l'ambiance entre les deux grands partis se détériore et devient franchement hostile à l'approche de l'échéance, singulièrement quand il est question de réforme fiscale. Trois semaines après les élections, c'est la rupture. Le MR apprend qu'il passera cinq années de plus dans l'opposition en Wallonie et à Bruxelles.

Des dernières élections décevantes

Les socialistes, redoutant la formation en cours d'alliances de droite, ont reconduit leur coalition avec le cdH et embarqué le FDF dans la capitale. Après le non du cdH à une alliance avec la N-VA, le CD&V et le MR, M. Michel est désigné informateur par le roi. Le 22 juillet, il est chargé avec Kris Peeters de former un gouvernement. L'aventure de la "suédoise", que certains ont aussi appelé "kamikaze", commence. Le MR est le seul parti francophone à bord. Charles Michel est désigné Premier ministre, le premier chef de gouvernement libéral francophone depuis Paul-Emile Janson en 1937. Au cours de ces cinq années, Charles Michel est sur tous les fronts et porte à bout de bras une équipe minée par les conflits internes entre les trois partis flamands de la suédoise. Sous sa houlette, les réformes s'enchaînent, mais dans un climat social bouillant; la Belgique fait également face aux attentats les plus sanglants de son histoire en temps de paix, gère une crise migratoire, met au "frigo" les dossiers institutionnels, etc. En Belgique, le climat politique aura rarement été aussi tendu.

Jamais les francophones n'ont été aussi peu représentés à l'échelon national et le MR devient une citadelle assiégée par les autres partis francophones. Populaire en Flandre, Charles Michel a du mal à convaincre en Wallonie. Malgré la reprise en main du parti à quelques semaines des élections, le scrutin est mauvais pour les libéraux francophones, comme pour le reste de leurs partenaires de coalition mais également les socialistes. De chaque côté du spectre politique, les extrêmes sont les grands gagnants.


 

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