Le déconfinement de l'Italie se fera progressivement en quatre étapes, dont la première pourrait débuter dès le lundi 27 avril, ont rapporté vendredi les médias, même si le gouvernement n'a toujours rien annoncé officiellement. "Ce sont quatre lundis qui vont rythmer la réouverture" du pays à l'issue du confinement instauré le 9 mars pour endiguer l'épidémie de Covid-19, qui a fait plus de 25.500 morts dans la péninsule, selon le quotidien Il Corriere della Sera, principal tirage du pays. "Tout dépendra de la courbe des contagions", mais si celle-ci n'augmente pas, "les usines de machines agricoles et pour la sylviculture pourraient rouvrir le 27 avril", écrit le quotidien.
Sauf imprévu, le lundi "4 mai, ce seront les chantiers et l'industrie du textile et de la mode" qui vont démarrer, suivis le lundi suivant, le 11 mai, par "l'ouverture des magasins d'habillement et de chaussures, ainsi que d'autres commerces".
Le quatrième lundi de cette liste, le 18 mai, ce serait le tour des bars, restaurants et coiffeurs, selon la même source. D'autres journaux évoquaient un rythme semblable, préférant situer l'ouverture des bars et restaurants dans la "seconde quinzaine de mai". Cette réouverture progressive sera de toute façon accompagnée par de strictes mesures d'hygiène et de distanciation sociale. Ainsi dans les magasins ayant une superficie égale ou inférieure à 40 mètres carrés les clients ne seront admis qu'un par un, et dans les autres, ce chiffre sera fonction de la superficie. Les bars et restaurants devront maintenir la distance d'un mètre minimum entre les clients et privilégier les espaces ouverts à ceux climatisés, la climatisation favorisant la dispersion dans l'air d'éventuels aérosols contagieux.
Environ 90% des Italiens n'a pas eu de contact avec le virus. Ce chiffre signifie que nous sommes très loin de l'immunité de groupe
Les experts préconisent un redémarrage prudent
"La situation épidémiologique s'est nettement améliorée". Même le très prudent Silvio Brusaferro, président de l'Institut supérieur de la Santé (ISS), s'est risqué vendredi lors de son point-presse hebdomadaire à un certain optimisme. "Le nombre de malades symptomatiques (encore supérieur à 100.000, ndlr) baisse de plus en plus", a-t-il relevé.
Les experts présents ont également noté que le fameux "R0", le taux de reproduction du virus, était désormais compris entre 0,2 et 0,7 dans toutes les régions italiennes. Au 10 mars, date du début du confinement, il se situait entre 2 et 3, ce qui signifie que chaque malade contaminait alors de deux à trois personnes en moyenne.
"Le seuil pour repartir ? Pour un épidémiologiste, ça devrait être zéro. Mais il est évident qu'un pays ne peut pas supporter plus de deux ou trois mois de confinement", a résumé Giovanni Rezza, laissant ainsi la main aux politiques.
Après huit semaines de vie au ralenti, l'Italie et son économie à genoux (Rome prévoit une baisse de 8% du PIB en 2020) vont donc doucement se remettre en route à partir du 4 mai. Le décret gouvernemental détaillant les modalités du déconfinement est attendu dans les prochains jours, mais les experts appellent à la sagesse. "Nous devons être conscients que chaque robinet qui s'ouvre risque d'augmenter les contacts et la probabilité de nouvelles infections. Nous devons faire des choix qui impliquent le risque le plus faible possible", rappelait mardi dans La Stampa le virologue Fabrizio Pregliasco. Silvio Brusaferro l'a redit vendredi, faisant à nouveau référence au "R0". "Le virus circule encore. Partout dans le pays il faut avoir la plus grande prudence", a-t-il expliqué. Selon lui, sans respect des mesures barrière et de la distanciation sociale lors de la "phase 2", l'indice n'aurait besoin que "de deux semaines, peut-être moins" pour repasser au-dessus de 1 et renvoyer les courbes à la hausse.
"Les personnes qui ont été immunisées sont absolument minoritaires. La très grande majorité des Italiens, environ 90%, n'a pas eu de contact avec le virus. Ce chiffre signifie que nous sommes très loin de l'immunité de groupe", avait-il déjà expliqué cette semaine.
Relancer l'économie
Même si elle doit se faire avec prudence, la reprise est "inexorable", a estimé le Pr Brusaferro.
"L'idée est la suivante: relançons des activités productives, commerciales, la mobilité, et voyons si nous parvenons à maintenir les chiffres. Progressivement, nous construirons une vie qui ne pourra certainement pas être comme celle d'avant, en tous cas tant que nous n'avons pas les thérapies et, surtout, le vaccin", a-t-il dit.
"Nous devons dire adieu aux rues et transports publics pleins de gens", avait-il déjà prévenu mardi.
Même le gouverneur de la région de Vénétie (Nord) Luca Zaia, qui pousse depuis des semaines pour une reprise anticipée de l'activité, a reconnu que la vie quotidienne serait affectée. "Pour ne pas attraper le coronavirus, il faut utiliser le masque (...) Sinon c'est comme conduire une moto sans casque", a-t-il dit.
"En résumé, on pourra aller au parc. Mais pas faire une grande fête au parc", a synthétisé Silvio Brusaferro.
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