Un carnage a été évité vendredi dans un train Thalys reliant Amsterdam à Paris lorsque des militaires américains et un civil ont maîtrisé un homme lourdement armé qui a ouvert le feu, une attaque vraisemblablement terroriste menée huit mois après les attentats de janvier à Paris. Deux des militaires ont été blessés, mais leurs jours ne sont pas en danger. Le président américain Barack Obama a salué leur action "héroïque", qui a probablement empêché une "tragédie bien pire".
Il était 17h50 quand au moins un coup de feu a été tiré dans le train à grande vitesse Thalys 9364, à hauteur de Oignies, dans le nord de la France. La section antiterroriste du parquet de Paris a annoncé qu'elle se saisissait de l'enquête "au vu de l'armement utilisé, du déroulé des faits et du contexte", tandis que le Premier ministre belge Charles Michel a parlé d'une "attaque terroriste".
Le suspect, armé d'une kalachnikov, est monté à la gare de Bruxelles-Midi
Le suspect, qui était monté à Bruxelles, a été interpellé peu après 18H00 en gare d'Arras (nord), où le Thalys a été arrêté, et placé en garde à vue. Selon les premiers éléments de l'enquête, il serait âgé de 26 ans, Marocain ou d'origine marocaine, et faisait l'objet d'une fiche des services de renseignements.
Des militaires américains ont sauté sur lui
L'auteur des tirs, qui était en possession d'un fusil d'assaut kalachnikov, d'un pistolet automatique, de neuf chargeurs et d'un cutter, selon une source policière, a été maîtrisé par deux militaires américains qui l'auraient entendu recharger une arme dans les toilettes. Un troisième militaire américain, qui lui n'a pas été blessé, à participé à la neutralisation du tireur, selon une source proche de l'enquête. Le militaire blessé par balle a été héliporté à l'hôpital de Lille. La deuxième victime, blessée par un coup de cutter au niveau du coude, portant une plaie superficielle et souffrant également d'une fracture au doigt, a été hospitalisé à Arras, selon une source proche du dossier.
La Belgique et la France coopèrent dans cette enquête
Le ministre de l'Intérieur français Bernard Cazeneuve, qui s'est rendu à la gare d'Arras, a salué ces Américains "particulièrement courageux", le Premier ministre Manuel Valls leur exprimant sa "gratitude". Le président français François Hollande a annoncé avoir appelé M. Michel pour convenir avec lui de "coopérer étroitement" dans l'enquête.
Les témoins racontent: "Il y avait du sang partout"
Le suspect "était torse nu, assez fin et sec", a décrit à l'AFP Damien, 35 ans, un passager originaire de Paris. Lorsqu'il a tiré, "ça a fait 'clic-clic-clic', sans faire de coup de feu comme dans les films", a-t-il raconté. "Une personne avec un tee-shirt vert, rasé, (selon les premiers éléments le militaire américain, ndlr) l'a vu, s'est jeté sur lui et l'a plaqué au sol", a-t-il ajouté. "J'ai entendu des coups de feu, sans doute deux, et un type s'est écroulé", a relaté Christina Cathleen Coons, New-Yorkaise de 28 ans, en vacances en Europe. Il y avait "du sang partout", a-t-elle poursuivi, montrant des photos de la scène, qui font désormais le tour du monde des réseaux sociaux. "C'était comme dans un film sauf que c'était la réalité", a témoigné une autre passagère, Arcange Shannon. En descendant du train elle a vu "une personne sur une chaise avec les mains en sang et le visage tuméfié".
Tous les bagages ont été fouillés
Les passagers du Thalys, filiale de la SNCF (chemins de fer français), ont été pris en charge dans un gymnase tout proche de la gare d'Arras. Pendant ce temps, la police technique et scientifique a fouillé le train, ne retrouvant qu'une seule douille, selon une source proche du dossier. Les identités des 554 passagers du train Thalys ont été vérifiées et leurs bagages fouillés. Les passagers ont ensuite été acheminés à Paris, où un premier train est arrivé à 00h36 à la gare du Nord. Depuis les attentats du 7 janvier qui ont visé la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo et le supermarché parisien Hyper Casher, faisant 17 morts, un plan de lutte antiterroriste a été mis en place dans tous les lieux publics et considérés comme sensibles en France.
La Belgique renforce ses mesures de sécurité
Plusieurs attentats ont depuis janvier été déjoués sur le territoire français, selon les autorités, dont une attaque visant une église près de Paris au printemps et un projet d'attaque contre un site militaire dans le sud de la France. En Belgique, les mesures de sécurité spécifiques ont été renforcées dès vendredi soir. "Charles Michel et l'ensemble des autorités belges sont en contact avec les autorités néerlandaises et françaises. Le Premier ministre s'est d'ailleurs entretenu avec le président français François Hollande exprimant leur volonté de renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme entre la Belgique et la France", a précisé le porte-parole du Premier ministre.
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