Le comédien français, Jean-Hugues Anglade accuse vivement la SNCF. Piégé dans le train dans lequel avait lieu une fusillade perpétrée par un individu de 26 ans fiché comme islamiste radical en Espagne, il affirme que le personnel a refusé d'aider les passagers, terrifiés.
L'acteur Jean-Hugues Anglade, l'un des passagers piégés dans le train Amsterdam-Paris vendredi avec l'agresseur armé, a accusé les agents du Thalys de s'être enfermés dans la voiture motrice puis d'avoir refusé de leur ouvrir la porte malgré leurs appels à l'aide, selon lui un "abandon inhumain".
Des membres du personnel se seraient enfermés dans la motrice
"Nous avons entendu des passagers hurler en anglais: "Il tire ! Il tire ! Il a une kalachnikov ! J'étais avec mes deux enfants et ma compagne, autour de nous, il y avait une quinzaine de passagers", a raconté l'acteur à l'hebdomadaire Paris-Match. "Tout à coup, des membres du personnel navigant ont couru dans le couloir, le dos courbé. Leurs visages étaient blêmes. Ils se dirigeaient vers la motrice, leur wagon de travail. Ils l'ont ouvert avec une clef spéciale, puis se sont enfermés à l'intérieur. Le tireur était à quelque dizaines de mètres de nous, dans le wagon numéro 12", a-t-il ajouté.
"J'ai pensé que c'était la fin, que nous aillions mourir"
"Nous étions dans la voiture 11, la dernière. L'homme armé venait vers nous, il était déterminé. J'ai pensé que c'était la fin, que nous allions mourir, qu'il allait tous nous tuer (...) Nous étions prisonniers de ce train et il était impossible de s'échapper de ce cauchemar. Nous étions piégés dans une souricière !".
"On cherchait tous une issue, un moyen de s'enfuir, de survivre. J'ai brisé la vitre pour tirer l'alarme pour arrêter le Thalys. Le verre a méchamment entaillé mon majeur jusqu'à l'os, et les machines ont ralenti. Mais nous étions toujours bloqués à l'intérieur", a poursuivi Jean-Hugues Anglade.
"Nous hurlions 'Ouvrez", en vain"
"Dos au mur. Collés les uns aux autres contre la porte métallique de la motrice. Nous tapions dessus, nous criions pour que le personnel nous laisse entrer, nous hurlions 'Ouvrez !' On voulait qu'ils réagissent ! En vain... Personne nous a répondu. Silence radio", a-t-il accusé. "Cet abandon, cette détresse, cette solitude, c'était terrible et insupportable ! C'était, pour nous, inhumain. Les minutes paraissaient des heures. J'ai protégé de tout mon corps mes enfants, leur répétant en boucle que tout allait bien".
"Les passagers ne réalisaient pas que ça allait être le carnage. C'était calme et digne. Nous étions totalement à la merci des balles qui allaient nous déchirer les corps... Nous attendions la mort".
Puis, Anthony est arrivé et les a rassurés
"Puis, un jeune homme, Anthony Sadler (un jeune étudiant américain ayant aidé à maîtrisé l'individu), a accouru dans notre voiture, criant que le tireur était maîtrisé par des soldats américains en permission, que tout allait bien". "Il nous a rassurés, il cherchait des couvertures de survie et une trousse de secours pour les deux blessés graves. Il a tapé à la porte de la motrice, mais sans succès, une fois encore. Nous étions hors de danger".
"Ce matin, je vais bien. J'ai eu cinq points de suture, mais le tendon n'est pas atteint. Nous sommes choqués, mais nous sommes en vie, et c'est l'essentiel. Nous étions au mauvais endroit, mais avec les bonnes personnes. C'est un miracle. Nous avons eu une chance incroyable d'avoir ces soldats américains. Je veux rendre hommage à leur courage héroïque, et les remercier, sans eux, nous serions tous morts", a-t-il conclu.
L'auteur présummé nie être un terroriste
Vendredi après-midi, une agression a eu lieu dans un Thalys Amsterdam-Paris par un homme qui s'apprêtait à ouvrir le feu avec une kalachnikov. L'auteur de l'agression, qui a été rapidement maîtrisé par des passagers dont deux militaires américains en vacances, était interrogé samedi par les enquêteurs. Il nie être un terroriste.
L'individu avait été signalé comme islamiste radical par les autorités espagnoles aux services français. Selon Bernard Cazeneuve, ministre français de l'Intérieur, ce suspect est soupçonné d'appartenir à la "mouvance islamiste radicale".
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