Après six mois d'état d'urgence sanitaire marqués par un hiver meurtrier, le Portugal a entamé samedi la dernière étape d'un déconfinement graduel qui, pour l'heure, n'a pas provoqué un regain de l'épidémie de Covid-19.
Réouverture des frontières terrestres avec l'Espagne, premiers concerts-tests, élargissement des horaires des cafés, des restaurants, des commerces et des espaces culturels: l'allègement des restrictions sanitaires se poursuit ce week-end, avec deux jours d'avance par rapport au calendrier annoncé à la mi-mars.
"Cela me donne une sensation de liberté retrouvée.(...) Nous allons pouvoir nous soulager de l'enfermement que nous avons vécu", a témoigné à l'AFPTV Clara Nogueira, pendant qu'elle faisait la queue pour assister à un concert-test avec 400 spectateurs organisé vendredi soir à Braga, dans le nord-ouest du pays.
Il s'agissait d'une enceinte à l'air libre, mais tests rapides, masques, prise de température et distanciation physique étaient de rigueur.
Le Portugal chute au classement des pays les plus touchés
Les associations de promoteurs de spectacles qui ont monté l'opération espèrent ainsi convaincre les autorités de poursuivre l'allègement des mesures sanitaires, afin de "sauver l'été" de cette filière "en attendant d'atteindre l'immunité de groupe", a expliqué un de leurs dirigeants, Alvaro Covoes.
Avec une incidence du coronavirus qui s'est réduite de moitié depuis le début du déconfinement, à 66 cas pour 100.000 habitants, le Portugal pointait samedi au 93e rang mondial, alors que le pays avait passé en début d'année plusieurs semaines au sommet de ce classement issue des données collectées par l'AFP auprès des autorités nationales.
Une des vagues les plus rapidement maîtrisées au monde
Vendredi, aucun décès provoqué par le Covid n'a été recensé pour la deuxième fois cette semaine, alors que le précédent jour sans mort remontait à début août 2020. Depuis le début de la pandémie, ce pays de 10 millions d'habitants a enregistré près de 17.000 morts.
Avec des records journaliers de plus de 16.000 cas et 300 décès, la vague qui avait atteint son pic à la fin janvier a été violente, provoquant la saturation de plusieurs hôpitaux portugais, mais elle a été aussi "une des vagues les plus rapidement maîtrisées au monde", estime le virologue Pedro Simas. "Une semaine après le début du confinement, le pic était atteint", explique ce chercheur de l'Institut de médecine moléculaire de Lisbonne, en s'avouant quelque peu "surpris" par l'absence d'un rebond des infections suite aux premières étapes du déconfinement.
Selon lui, cela tient à deux facteurs principaux: "un respect exemplaire des règles sanitaires avec, surtout, le port du masque", et "l'immunité acquise par 30 à 40% de la population", par infection ou vaccination.
Environ 22% de la population portugaise a reçu au moins une dose de vaccin et, d'ici la fin mai, toutes les personnes de plus de 60 ans, les plus vulnérables, devraient être vaccinées.
Situation de calamité
Pour cette raison, le gouvernement envisage d'alléger à la fin du mois les restrictions encore en vigueur, a indiqué jeudi le Premier ministre Antonio Costa, tout en renouvelant ses appels à la prudence car "le pays ne peut pas considérer la situation comme étant réglée".
Dans la nuit de vendredi à samedi, l'état d'urgence a été rétrogradé au niveau d'une "situation de calamité", un cadre juridique permettant aux autorités de maintenir certains secteurs d'activité fermés, d'imposer le port du masque en extérieur ou de maintenir l'obligation du télétravail quand c'est possible.
Rétablis depuis la fin janvier, les contrôles aux frontières terrestres avec l'Espagne ont été levés, mais le ministère de l'Intérieur a annoncé samedi le prolongement des restrictions aux voyages au moins jusqu'au 16 mai.
D'ici là, seuls les déplacements jugés "essentiels" seront permis aux visiteurs en provenance de pays ayant une incidence supérieure à 150 cas pour 100.000 habitants, ce qui inclut l'Espagne, l'Allemagne ou l'Italie.
De même pour les voyageurs originaires de pays ayant une incidence supérieure à 500 cas pour 100.000 habitants, dont l'Afrique du Sud, le Brésil et l'Inde, mais aussi la France ou les Pays-Bas, qui devront de surcroît observer une quarantaine de 14 jours en arrivant au Portugal.
Et pour les 275.000 habitants d'une dizaine de communes affichant un taux d'incidence trop élevé pour franchir une nouvelle étape du plan de déconfinement, les mesures sanitaires n'ont pas changé samedi.
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