La Première ministre britannique Theresa May a entamé mardi à Berlin des discussions avec la chancelière allemande Angela Merkel pour la convaincre de soutenir sa nouvelle demande de report du Brexit lors du sommet européen prévu le lendemain.
Initialement prévu le 29 mars, le Brexit a déjà été repoussé à vendredi. Mais faute d'avoir pu faire adopter l'accord de divorce qu'elle a négocié avec Bruxelles par les députés britanniques, Mme May veut réclamer un second ajournement du Brexit, jusqu'au 30 juin.
La Première ministre britannique se rendra ensuite à Paris où elle plaidera sa cause auprès du président français Emmanuel Macron dans l'après-midi. Sa demande, examinée mercredi lors d'un sommet extraordinaire, devra recevoir l'aval unanime des 27 autres pays de l'UE, avec lesquels Theresa May s'attend à des "discussions franches et complètes", a déclaré un porte-parole de Downing Street.
La durée d'un éventuel report "dépend" du plan qu'exposera la Première ministre britannique Theresa May, a expliqué mardi le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier à l'issue d'une réunion avec des ministres européens pour préparer ce sommet. "Le 'no deal' ne sera jamais la décision de l'UE, ce sera toujours la responsabilité du Royaume-Uni de nous dire ce qu'il veut", a-t-il ajouté.
- Ni acquise ni automatique -
Ce report doit "être soumis à des critères très stricts", a insisté le ministre allemand des Affaires européennes Michael Roth, et son acceptation "n'est ni acquise ni automatique", a prévenu son homologue française Amélie de Montchalin.
Angela Merkel avait toutefois promis la semaine dernière de "se battre jusqu'à la dernière heure" pour une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l'Union européenne, face à la perspective d'un Brexit sans accord.
Les dirigeants européens avaient refusé en mars d'accorder aux Britanniques un sursis jusqu'au 30 juin, en raison de la tenue des élections européennes du 23 au 26 mai.
Le gouvernement britannique a annoncé à contrecoeur lundi soir qu'il lançait l'organisation de ce scrutin, après avoir tenté d'éviter d'y participer, trois ans environ après le référendum de 2016 qui a décidé la sortie du Royaume-Uni de l'UE.
Londres espère cependant toujours quitter l'UE avec un accord avant le 22 mai, ce qui lui permettrait d'annuler ces élections.
De son côté, le président du Conseil européen Donald Tusk s'apprêterait, selon un haut responsable européen, à suggérer un report "flexible" d'un an maximum. Objectif : donner le temps au Royaume-Uni de surmonter la crise politique qui le paralyse. Ce sursis pourrait être raccourci en cas de feu vert des députés britanniques au Traité de retrait de l'UE.
- Pourparlers avec l'opposition -
Parallèlement, le gouvernement britannique poursuivait mardi ses pourparlers avec l'opposition travailliste, dans l'espoir de trouver un compromis sur un projet de sortie de l'UE susceptible d'être soutenu par le Parlement.
Cette main tendue au Labour a suscité la fureur des conservateurs eurosceptiques qui craignent que le gouvernement ne s'oriente vers une union douanière avec l'UE. Prônée par le Labour, elle empêcherait Londres de mener une politique commerciale indépendante après le Brexit.
Ces discussions n'ont pour l'instant pas abouti, le chef du Labour, Jeremy Corbyn, reprochant au gouvernement de refuser de "modifier ses lignes rouges".
Pour éviter un "no deal", scénario redouté des milieux économiques, la Chambre des Lords, chambre haute du Parlement, a entériné lundi soir un projet de loi des députés visant à obliger légalement la cheffe du gouvernement à repousser le Brexit.
En conséquence, le gouvernement présentera mardi une motion aux députés, précisant que la Première ministre cherchera une extension jusqu'au 30 juin. Les députés voteront sur cette motion et pourront émettre des propositions quant à la durée du report. Tout en sachant que ce sont les dirigeants européens qui auront le dernier mot.
Vos commentaires