Profondément divisés entre l'Est et l'Ouest, les pays européens vont tenter une nouvelle fois cette semaine de s'accorder sur un principe de répartition pour l'accueil des réfugiés, et de dégager une aide financière pour les pays frontaliers de la Syrie qui en hébergent près de quatre millions.
Loin du consensus espéré, le parlement hongrois a renforcé lundi les pouvoirs de la police et de l'armée, désormais autorisés sous certaines conditions à ouvrir le feu pour protéger les frontières du pays.
"Ils nous submergent. Ils ne frappent pas à notre porte, ils l'enfoncent sur nous", s'est indigné devant le Parlement le dirigeant populiste hongrois Viktor Orban, qui depuis le début de la crise a multiplié les déclarations et les décisions hostiles aux migrants et réfugiés, qualifiés de "danger" pour le continent et son "mode de vie".
Ce nouveau durcissement de la Hongrie intervient au moment où se réunissent à Prague les chefs de la diplomatie de cinq pays de l'ancienne Europe de l'est (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, et Lettonie), fermement opposés à une répartition contraignante des demandeurs d'asile, avec leur homologue luxembourgeois Jean Asselborn dont le pays préside actuellement l'Union Européenne.
"Je crains un désaccord" a averti le président du Parlement européen Martin Schulz, qui a rencontré lundi François Hollande pour "faire le maximum" afin d'éviter "un approfondissement des désaccords et des clivages qui existent déjà".
La veille, le président français avait haussé le ton à l'égard des pays frileux qui refusent un système de quotas. "Aucun pays" européen "ne peut s'exonérer" de cette répartition "des réfugiés relevant du droit d'asile", a-t-il martelé, alors que l'UE s'est montrée incapable de s'entendre sur la répartition de 120.000 réfugiés, quand plus de 440.000 migrants ont déjà rallié l'Europe cette année.
La Pologne, hostile à tout système contraignant, s'est pourtant déclarée prête à accueillir plus de réfugiés que les quotas proposés à condition que l'UE rende ses frontières extérieures plus étanches et qu'elle établisse "une liste commune de pays jugés sûrs".
Une manière de demander que les migrants économiques venus de plusieurs pays des Balkans comme le Kosovo ou l'Albanie puissent être renvoyés chez eux.
- 'Dernière chance' -
La réunion de Prague et celle des ministres de l'Intérieur mardi à Bruxelles doit servir à lever les incompréhensions pour tenter de construire un consensus en vue du Conseil européen prévu mercredi.
Outre la question épineuse de la répartition des migrants, les Européens devraient discuter d'autres mesures urgentes pour maîtriser la crise migratoire. M. Schulz a ainsi souhaité qu'un "maximum d'argent" soit mobilisé pour aider les trois pays qui accueillent près de quatre millions de réfugiés syriens sur leur territoire, la Jordanie, la Turquie et le Liban, submergés.
Signe de la gravité de cette crise des migrants en Europe, qui s'ajoute aux tensions de la zone euro, M. Schulz a annoncé la "visite historique" du couple Merkel-Hollande devant le Parlement européen le 7 octobre prochain.
La dernière fois que deux dirigeants allemands et français se sont exprimés ensemble dans cette enceinte remonte à 1989 avec une intervention de François Mitterrand et Helmut Kohl.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), le conseil européen de mercredi est probablement la "dernière chance de l’Europe de parvenir à une réponse unie et cohérente" face à la plus grave crise migratoire à laquelle elle fait face depuis 1945.
"Avec plus de 442.440 réfugiés et migrants ayant traversé la Méditerranée cette année, quelque 2.921 morts, et 4.000 personnes arrivant quotidiennement sur les îles grecques, la crise s’amplifie et se transmet d’un Etat à l’autre sans aucune solution", a souligné le HCR dans un communiqué.
Lundi, le patron de l'agence européenne de surveillance des frontières Frontex, Fabrice Leggeri a insisté sur la nécessité d'instaurer "de façon urgente" une politique européenne frontalière "homogène", réclamant aussi à l'UE un "soutien humain" plus important pour surveiller les frontières.
Au cours du week-end marqué par une nouvelle tragédie au large de la Turquie, avec la mort d'au moins treize personnes, dont six enfants tentant de rejoindre la Grèce, le flot de migrants ne s'est pas tari.
Quelque 22.700 personnes sont ainsi entrées en Autriche au cours du week-end. Et lundi, les migrants continuaient de transiter par la Hongrie, via la Croatie qui a vu le passage de 30.000 migrants en cinq jours, selon les autorités.
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