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Pour sa grande première, Charles Michel doit convaincre l'Europe d'appliquer une politique climatique très ambitieuse (vidéo)

Pour sa grande première, Charles Michel doit convaincre l'Europe d'appliquer une politique climatique très ambitieuse
 
 

Au centre des discussions su sommet européen qui se tient actuellement, il y a le "green deal", le plan climat dont le projet plus qu’ambitieux est de conduire le continent européen vers la neutralité carbone en 2050.

Les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne peinaient jeudi soir à trouver un accord sur l'objectif d'atteindre la neutralité climatique en 2050. Les discussions se poursuivaient pendant le dîner, a indiqué le porte-parole du président du Conseil Charles Michel.

Le débat sur la neutralité climatique a débuté peu après 16h00. Il joue les prolongations, ce qui a contraint M. Michel et la présidente de la Commission Ursula von der Leyen à postposer une conférence de presse programmée à 19h00. Tout comme en juin dernier quand ce point n'avait déjà pu être tranché, trois pays de l'est aux économies très dépendantes des énergies fossiles font de la résistance: la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie.

Ils craignent de lourdes répercussions sociales et réclament les garanties d'un important soutien financier de l'Europe pour accompagner leur transition. Le Premier ministre tchèque Andrej Babis a chiffré à "probablement plus de 30 à 40 milliards" d'euros le coût de cette transition. La place de l'énergie nucléaire apparaît aussi en toile de fond, défendue par ces trois pays et la France, tandis que des pays comme l'Allemagne, le Luxembourg ou l'Autriche refusent que cette forme d'énergie soit soutenue par de l'argent européen. Charles Michel, dont c'est le premier sommet en tant que président du Conseil, ne désespère toutefois pas de décrocher un consensus. 

Pour son premier sommet, l'ancien Premier belge a affronté les journalistes avant de rencontrer ses collègues. Il a annoncé en anglais, mais aussi en français, l’engagement européen: "L'enjeu, c'est de faire en sorte que l'Europe soit le premier continent neutre sur le plan climatique. Cela suppose de prendre en considération une transition qui intègre l'impact social, et la situation dans les différents pays".

Difficile de mettre tout le monde d'accord

Les Européens sont appelés à endosser cet objectif de neutralité climatique. Au lendemain du lancement du "Pacte vert", projet phare de la Commission d'Ursula von der Leyen, un échec serait du plus mauvais effet, au moment où la COP25 touche à sa fin.

Mais l'entreprise s'avère longue et difficile. "Nous ne pouvons pas donner notre accord à un modèle de transformation économique dont pâtirait la société polonaise", a d'emblée averti le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki.

"Le coût de la transformation énergétique en Pologne est de loin plus élevé" que dans d'autres pays, a-t-il souligné, estimant que "le délai pour atteindre la neutralité carbone doit varier en fonction du niveau de développement économique des pays".

Côté tchèque, le Premier ministre Andrej Babis a chiffré à "probablement plus de 30 à 40 milliards" d'euros le coût de cette transition.

"Pas possible"

Pour aider les régions et secteurs les plus "vulnérables" dans la transition vers une neutralité carbone, la Commission a prévu un "mécanisme de transition juste" qui pourra mobiliser 100 milliards d'euros d'investissements.

Prague voudrait que le nucléaire, qui n'émet pas de CO2, soit explicitement mentionné dans les conclusions du sommet, de même que Budapest.

Une telle reconnaissance aurait des conséquences financières, en ouvrant droit à des aides à la transition.

"Sans le nucléaire, ce n'est pas possible pour la République tchèque", a averti M. Babis qui s'en est pris à l'Autriche, pays farouchement opposé au nucléaire tout comme le Luxembourg et l'Allemagne.

"Ce matin, à 7H45, les Autrichiens ont consommé 23% d'électricité tchèque, la Slovaquie 30%. Si nous n'avions pas fourni de l'énergie à l'Autriche, un quart des habitants ne pourraient même pas se faire un café", a-t-il tweeté avant le sommet.

La perspective de reconnaître le nucléaire fait s'étrangler le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel.

"Chaque pays est libre de choisir son mix énergétique, mais que ce soit financé avec de l'argent du contribuable européen, non, je ne suis pas pour", a-t-il averti.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a asséné que "sans énergie nucléaire, il n'y a pas d'économie européenne neutre en carbone", réclamant aussi "des garanties financières claires".

"Modérément optimiste"

Une position soutenue par le président français Emmanuel Macron, qui a assuré que le nucléaire "peut faire partie" du bouquet énergétique des pays européens sur la route de la neutralité carbone.

"Chacun doit pouvoir bâtir sa transition à sa main", a dit le chef de l'Etat français, alors que plus de 70% de l'électricité produite dans l'Hexagone est d'origine nucléaire.

Le projet de conclusions du sommet, vu par l'AFP, dans lequel l'UE inscrit cet objectif de 2050, reste ouvert sur les moyens pour y arriver. Il appelle au "respect du droit des Etats membres à décider de leur bouquet énergétique et à choisir les technologies les plus appropriées".

Une source européenne s'est dite "modérément optimiste" sur les chances d'un accord, alors que les discussions en cours depuis plus de trois heures étaient qualifiées d'"intenses" par une autre source.

Avant même le début du sommet, Greenpeace avait sonné l'alarme sur le réchauffement avec une action spectaculaire.

Une trentaine de militants de l'ONG, trompant la sécurité du siège du Conseil de l'UE, ont escaladé le bâtiment, déployé une banderole sur "l'urgence climatique" et allumé des fumigènes. La police a procédé à plusieurs dizaines d'interpellations.

L'ambition climatique de la nouvelle Commission est cependant liée à un autre sujet épineux à l'ordre du jour : le budget pour la période 2021-2027, qui promet des débats acharnés.

Charles Michel doit rapprocher les points de vue entre les pays, insatisfaits de la proposition mise sur la table par la présidence finlandaise de l'UE, d'un budget abondé par des contributions nationales de 1.087 milliards d'euros, soit 1,07% du revenu national brut européen. Contre 1,114% proposé par la Commission et 1,3% par le Parlement.

Les dirigeants de l'UE ont aussi la tête tournée vers le Royaume-Uni où les Britanniques votaient jeudi.

Le résultat des législatives sera décisif pour l'avenir de l'accord négocié entre Londres et l'UE, qui prévoit un divorce au 31 janvier.

Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar, dont le pays est particulièrement exposé aux conséquences du Brexit, a souhaité un "résultat clair".

L'après-divorce sera évoqué vendredi avec des discussions sur la future relation commerciale entre Londres et les 27.


 

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