Les députés européens Gérard Deprez (MR) et Philippe Lambertz (Ecolo) étaient les invités de Caroline Fontenoy dans le RTLinfo 13h. Elle a commencé l'entretien en leur demandant si ce Brexit devait être considéré comme une "claque", à l'instar de ce qu'avait dit ce matin Charles Michel, le Premier ministre, ou si l'issue du référendum était prévisible ?
Gérard Deprez: Plutôt qu'une claque, je parlerais de "secousse". On est choqué. Et triste. Personnellement, je suis triste pour trois raisons.
D'abord, je n'ai pas aimé la tonalité de la campagne des partisans du Brexit avec notamment des élans racistes et j'ai trouvé ça assez sinistre.
Deux. Quand vous regardez le vote en fonction des âges, vous vous rendez compte que les jeunes et les actifs ont choisi le maintien dans l'Union européenne. Et ce sont les gens au-delà de 50 ans, et surtout 60 ans, qui ont voté pour le Brexit.
Trois. Je suis triste quand je vois ceux qui se réjouissent des résultats: Geert Wilders aux Pays-Bas, Marine Le Pen en France, des nationalistes, réactionnaires, populistes.
La réaction que nous devons avoir est de ne pas nous laisser accabler par cela. À partir de maintenant, il faut le rebond comme l'a dit Charles Michel aujourd'hui.
Caroline Fontenoy: Charles Michel parle d'un nouveau projet, qu'il faut réinventer l'Europe. Est-ce que ce n'est pas un nouvel aveu de faiblesse de cette Europe qui a souffert lors de la crise migratoire?
Philippe Lambertz: Très honnêtement, je ne sais pas ce que signifie "nouveau projet" pour Charles Michel. Parce que si un nouveau projet, c'est simplement poursuivre et approfondir les politiques que mènent Charles Michel dans notre beau pays, alors je crains fort que demain, ce n'est pas à un référendum négatif qu'on aura à faire face mais à 10 ou 15 référendums négatifs.
Autrement dit, ce qui est en cause, me semble-t-il, n'est pas la construction institutionnelle de l'Europe. Je pense que beaucoup de nos concitoyens n'en ont pas grand-chose à faire de savoir si les pouvoirs du parlement ceci, si le pouvoir du conseil cela, si la Commission ceci.
Je pense que ce que nos citoyens vivent de plus en plus, c'est qu'on veut leur imposer des traités commerciaux dont ils ne veulent pas. On veut leur imposer des produits comme le glyphosate dont ils ne veulent pas. On impose même des règles budgétaires qui imposent le bon sens économique.
Et ce sont ces politiques-là qui, même dans un pays comme la Belgique où le fédéralisme européen est dans l'ADN, font monter un sentiment sceptique, pour ne pas dire plus, à l'égard de l'Europe.
Et ça, ce n'est pas produit par une peur de l'étranger. Oui, bien sûr, il y en a chez nous qui rejettent les étrangers. Mais très franchement, ils constituent une minorité. Par contre, il y en a beaucoup dans notre pays qui sont blessés dans leur chair, dans leur vie quotidienne par les politiques menées, souvent sous couvert d'instructions données par l'Union européenne.
Il ne faut pas s'étonner qu'à un moment les citoyens se retournent contre tout cela. Si le résultat n'est pas un changement de cap politique, eh bien attention car ceci n'est que le premier épisode.
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