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"Toujours pédophile", un instituteur condamné à Evry à cinq ans de prison

"Toujours pédophile", un instituteur condamné à Evry à cinq ans de prison
Le tribunal de grande instance d'Evry, le 26 novembre 2013, près de ParisBERTRAND GUAY
 
 

Un instituteur parle d'"amour", mercredi, à la barre du tribunal correctionnel d'Evry. Le président sursaute: "Il ne peut pas y avoir d'histoire d'amour entre un type de 30 ans et un gamin de 9 ans !"

Les faits: des "caresses, masturbations et fellations réciproques", pendant plusieurs mois, avec un petit garçon dont il était le chef chez les scouts.

Dans la soirée, l'homme a été condamné à cinq ans de prison, sans mandat de dépôt, dont un an avec sursis, ainsi qu'à un suivi socio-judiciaire de 6 ans et une injonction de soins. Il a l'interdiction d'exercer une activité au contact de mineurs.

En jean, chemise bleue et veste de costume, il a comparu libre, après plus de deux ans de détention provisoire. Visage rond, traits juvéniles, voix fluette, il a un parti-pris: tout reconnaître.

"Je ne dis pas que je ne suis plus pédophile. Je suis toujours pédophile", affirme-t-il d'emblée.

La castration chimique qu'il dit avoir ardemment réclamée en prison n'a fait que le "débarrasser de l'invasivité" de ses pulsions. Mais sur sa "sexualité", rien n'y fait: il doit, dit-il, "apprendre à vivre avec".

Il a "17, 18 ans" quand il réalise qu'il est attiré par "les petits garçons". Le sexe entre adultes, expérimenté une première fois avec une fille chez les scouts, ne l'intéresse guère.

Il y aura, ensuite, des expériences homosexuelles, tarifées, lors de séjours en Guyane et en Thaïlande -il jure qu'ils étaient majeurs.

Pour le reste, des masturbations devant des sites pédophiles. "Une véritable addiction", souligne le président, trois à quatre heures chaque jour, "ce qui laisse pantois".

Des photos et des films d'"actes sexuels", "entre enfants et avec des adultes", toujours avec des petits garçons, qu'il prend soin d'effacer à chaque fois.

"Je considérais que c'était une façon de canaliser mes pulsions, alors que ça les a amplifiées", bredouille-t-il.

Il consulte un premier psychologue à 23 ans. Sans succès.

Parallèlement, en dépit de ses pulsions, il passe le concours d'instituteur et enseigne, dans l'Essonne, à des enfants de CM1 et de CM2.

"Une situation à risques", euphémise le président du tribunal.

"L'enseignement, c'était toute ma vie, mon seul domaine de réussite", répond cet homme qui a refusé de quitter l'Education nationale malgré les injonctions de ses psychologues.

S'il concède avoir "fantasmé" sur ses élèves, l'enquête a établi qu'il n'avait commis aucun acte répréhensible. Décrit comme "très introverti" par ses collègues, il était même considéré comme un bon professeur.

- "J'ai profité de la situation" -

Pourquoi, par ailleurs, avoir "repris les scouts" à 30 ans ? "C'est une énorme erreur", concède-t-il. Qui facilitera son passage à l'acte.

En 2012, il repère un petit garçon, un gosse à problèmes, aux "propos sexualisés" et très grossiers, "qu'on n'entend pas normalement dans la bouche d'un enfant", raconte le président.

"Un enfant encore plus vulnérable ?", l'interroge-t-il. "J'ai profité de la situation..."

Une nuit où le gamin peine à trouver le sommeil, il lui enseigne "une façon de s'endormir facilement": la masturbation. "Je lui propose de lui faire et ensuite je lui montre mon sexe", détaille-t-il. Il ira jusqu'au bout.

La deuxième fois, il lui apprend la fellation.

Il propose ensuite aux parents de l'enfant des cours de soutien scolaire, à son domicile, où il poursuit ses méfaits. Un jour, le garçonnet révèle tout à sa mère.

"J'étais dans une bulle où je vivais une histoire d'amour et quand j'ai vu les déclarations (de la victime), ça m'a mis une claque", affirme l'instituteur.

Aux enquêteurs, il donne un autre nom, sa première victime, la même année, un petit garçon qu'il a masturbé et devant lequel il s'est exhibé.

"C'est un prédateur !", ont insisté les avocats des parties civiles. Lui dit "regretter profondément" ses actes.

Reconverti dans la menuiserie à sa sortie de prison, il travaille désormais dans une région isolée, les Hautes-Alpes, chez ses parents, où il vit, célibataire, dans "un appartement indépendant". Au sous-sol.


 

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