Après des années de combat judiciaire contre ce qu'ils considèrent comme un "assassinat", les parents de Vincent Lambert, patient tétraplégique en état végétatif depuis plus de dix ans, se sont résignés lundi à la mort "inéluctable" de leur fils, dont les traitements ont été à nouveau interrompus la semaine dernière.
"La mort de Vincent est désormais inéluctable" et "nous ne pouvons que nous (y) résigner", ont déclaré lundi ses parents dans une lettre ouverte communiquée à l'AFP par leur avocat.
"Cette fois, c'est terminé. Nos avocats ont multiplié ces derniers jours encore les recours et mené d'ultimes actions pour faire respecter le recours suspensif devant l'ONU qui bénéficiait à Vincent. En vain", écrivent Viviane et Pierre Lambert ainsi que la soeur de Vincent, Anne Lambert, et son demi-frère David Philippon dans ce courrier adressé à leurs "amis" qui les ont "tant soutenus" ces dernières années.
"Nous ne pouvons que nous résigner dans la douleur"
Le médecin de Vincent Lambert, hospitalisé au CHU de Reims après un accident de voiture en 2008, a engagé mardi 2 juillet un nouvel arrêt des traitements, effectif depuis mercredi soir. Cette décision a été rendue possible le 28 juin par la Cour de cassation. Le protocole médical prévoit notamment l'arrêt de l'hydratation et de la nutrition par sonde du patient ainsi qu'une "sédation profonde et continue".
La mort de Vincent Lambert "lui a été imposée à lui comme à nous. Si nous ne l'acceptons pas, nous ne pouvons que nous résigner dans la douleur, l'incompréhension, mais aussi dans l'espérance", ajoutent ces fervents catholiques.
A l'inverse, l'épouse de Vincent Lambert, Rachel -qui était lundi matin au chevet de son mari aujourd'hui âgé de 42 ans- ainsi que six de ses frères et soeurs et son neveu François plaident depuis des années contre tout "acharnement thérapeutique" et pour laisser mourir cet homme devenu le symbole du débat sur la fin de vie en France.
"J'ai du mal à y croire après leurs années de combat judiciaire"
Selon eux, Vincent leur avait confié oralement préférer mourir que vivre "comme un légume". Il n'a toutefois jamais rédigé de directive anticipée. La résignation des parents intervient alors que dimanche, le père de Vincent Lambert avait dénoncé, en arrivant au CHU, "l'assassinat déguisé" en cours de son fils.
Sur sa page Facebook, le collectif "Je soutiens Vincent", également opposé à l'arrêt des traitements, a appelé à un rassemblement à Paris lundi après-midi. Les avocats des parents, Me Jérôme Triomphe et Jean Paillot, ont toutefois annoncé dans la matinée à l'AFP qu'ils "renonçaient à se rendre" à cette manifestation.>- "Vincent ne souffre pas" -
"Je ne sais même pas si ce rassemblement sera maintenu", a déclaré Me Paillot en annonçant la tenue d'un autre rassemblement mercredi à 20H00 à Paris, "probablement place Dauphine", auquel ils assisteront.
Sortant de la chambre de Vincent Lambert au moment de la publication de la lettre de leurs parents, sa soeur Marie a salué "une sage décision". "Je suis très surprise, j'ai du mal à y croire après leurs années de combat judiciaire. Je trouve que c'est raisonnable et respectueux", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Un arrêt des traitements enclenché par le nouveau médecin traitant
Marie Lambert s'est de nouveau entretenue dans la matinée avec le Dr Sanchez qui lui a réaffirmé avoir "la certitude" que "Vincent ne souffre pas", grâce notamment "aux produits administrés". "Nous sommes dans la dernière étape du processus. Les effets de la déshydratation se font désormais ressentir mais nous ne savons pas combien de jours cela va prendre. Cette attente est très douloureuse pour tout le monde", a ajouté la soeur cadette de Vincent Lambert.
"Malheureusement, ce n'est pas une euthanasie, sinon ça irait plus vite, ça serait un petit moins sadique de mon point de vue. Et on donnerait un petit peu plus de droits aux patients", a aussi déclaré plus tôt François Lambert au micro de RTL.
Après une tentative avortée d'arrêt des traitements en 2013, le nouveau médecin traitant, Vincent Sanchez, avait enclenché le 20 mai la procédure, stoppée dès le lendemain sur demande de la Cour d'appel de Paris. Mais la Cour de cassation a ouvert fin juin la voie à un nouvel arrêt des traitements.
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