Des kamikazes devant le Stade de France, des armes de guerre en plein Paris, 130 morts, et une nuit qui a traumatisé le pays. Six ans après, le procès "historique" des attentats du 13 novembre 2015 s'ouvre mercredi midi, au coeur de la capitale.
La première audience du procès des attentats de Paris aura révélé un climat tendu entre Salah Abdeslam, seul survivant des commandos des attentats de novembre 2015, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis. L'audience a débuté à 12H30 au palais de justice de Paris, où ont afflué sous très haute surveillance les centaines de parties civiles, d'avocats et de journalistes. Le procès, qui sera filmé pour l'Histoire, est hors norme à bien des égards. Il est prévu jusqu'au 24 ou 25 mai 2022, soit sur neuf mois, une durée sans précédent pour une audience criminelle en France. Il est aussi inédit par l'ampleur du dossier - 542 tomes - par son nombre de parties civiles - au moins 1.800 - et enfin par sa charge émotionnelle.
17h45 - Selon notre reporter, Dominique Demoulin, un incident a éclaté en salle d'audience entre le président de la cour, Jean-Louis Périès, et Salah Abdeslam.
17h42 - Salah Abdeslam estime que les accusés sont "traités comme des chiens"
17h25 - Un accusé, Farid Kharkhach, a fait un malaise, rapportent plusieurs médias. M. Kharkhach a été sorti du box des accusés. Belge né au Maroc, il est accusé dans le cadre de ce procès d'avoir fourni de faux papiers d'identité à un certain nombre de terroristes à la demande de Khalid El Bakraoui, l'un des auteurs des attentats de Bruxelles.
14h40 - "Nous devrons tous maintenir la justice dans sa dignité", a appelé mercredi le magistrat présidant le procès des attentats du 13-Novembre, Jean-Louis Périès, en ouvrant les débats de cette audience "historique" et "hors norme".
De façon inhabituelle, le président de la cour d'assises spéciale Jean-Louis Périès a souhaité tenir un propos liminaire, "en toute humilité". "Nous commençons ce jour un procès qualifié d'historique, hors norme", a déclaré le magistrat. Il est "historique certainement car les faits par leur intensité dramatique font partie des événements historiques nationaux et internationaux de ce siècle", a estimé le président de la cour d'assises spéciale, composée uniquement de magistrats professionnels.
13h30 - Le principal accusé du procès des attentats du 13-Novembre, Salah Abdeslam, a déclaré mercredi dans ses premiers mots à la cour qu'il n'y "a pas de divinité à part Allah", alors qu'il était invité à décliner son identité à l'ouverture de l'audience.
"Tout d'abord, je tiens à témoigner qu'il n'y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed est son messager", a déclaré le seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris. Interrogé ensuite sur sa profession, il a répondu : "j'ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l'Etat islamique".
12h50 - Salah Abdeslam, principal accusé du procès des attentats du 13 novembre 2015, a pris place mercredi vers 12H45 dans le box des accusés, à quelques minutes de l'ouverture devant la cour d'assises spéciale de Paris de ce procès "historique", ont constaté des journalistes de l'AFP. Masque noir sur le visage, tee shirt noir, le seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis, s'est assis dans le box, entouré de plusieurs membres des forces de l'ordre.
12h45 - "Je ne sais pas s'il me regardera. Mais en tout cas, je ne regarderai pas Salah Abdeslam différemment des autres gens dans la pièce. Je n'ai aucune fascination pour lui, aucune attente envers lui. Ce n'est pas pour lui que je viens. Ni pour le box", indique Arthur Denouveaux, victime. "Il ne faut pas être suspendu à ses lèvres. Lui communique surtout avec son créateur et pense qu'il n'a de compte à rendre qu'à la justice de Dieu et non pas à la justice des hommes, et non aux victimes. C'est un comportement de fuite. On reconnaît les lâches à leur silence", soulignait Mehana Mouhou, avocat des victimes.
11h30 - Un système ingénieux a été mis en place pour préserver les victimes. Celles qui acceptent être interviewées par la presse porteront un cordon vert autour du cou, celles qui ne veulent pas être importunées choisiront le cordon rouge. Ce dernier semble le plus demandé. Pour les avocats, ce sera le cordon noir.
11h - Notre envoyée spéciale Dominique Demoulin nous explique que depuis 9h ce matin, des sirènes de police hurlent dans Paris. Ce sont celles des fourgons judiciaires qui amènent les accusés au palais de justice. Tout le quartier est bouclé: barrières Nadar, cordons de sécurité et surtout un déploiement impressionnant de gendarmes.
Autour du palais, la circulation automobile est interdite, les parkings fermés et les bus déviés. Le célèbre quai des Orfèvres est une zone interdite. C’est par là que passent les convois qui amènent les 11 accusés détenus.
Même la Seine est étroitement surveillée. Des canoës de la préfecture de Paris la remontent surveillant à la fois les bateaux qui naviguent sur le fleuve et les berges où cameraman et photographes sont à l’affût.
10h20 - Salah Abdeslam est arrivé sous haute sécurité au palais de justice, relèvent plusieurs médias français. Il a été transféré depuis la prison de Fleury-Mérogis.
9h - Au moins 140 journées d'audience, 14 accusés présents, dont Salah Abdeslam, au moins 1765 personnes qui se sont constituées parties civiles, 8 caméras. Le procès hors-norme des attentats du 13Novembre s'ouvre aujourd'hui.
Rappel des faits:
Dans la grande salle de 550 places ont pris place une majorité de robes noires d'avocats, et quelques dizaines de parties civiles et de journalistes.
Des kamikazes devant le Stade de France, des armes de guerre en plein Paris, 130 morts: la nuit du 13 novembre 2015, "la France toute entière a été plongée dans l'horreur", a rappelé mercredi matin le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, au micro de BFMTV et RMC.
"Ces événements sont entrés par effraction dans les mémoires et notre mémoire collective", a insisté le garde des Sceaux, pour qui le défi du procès est double: que la justice "soit rendue conformément aux règles qui sont les nôtres depuis des siècles et que nous soyons au rendez-vous logistique".
Dans la matinée, sous l'oeil des caméras, un convoi ultrasécurisé avait quitté la prison de Fleury-Mérogis, où le seul membre encore en vie des commandos jihadistes du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam, est depuis plus de cinq ans incarcéré à l'isolement total.
Au bord de la Seine, les abords du vieux palais de justice étaient bloqués depuis l'aube par un large périmètre de sécurité. Sous l'oeil de joggeurs, de cyclistes et de touristes étonnés ou parfois agacés, les forces de l'ordre vérifiaient les laissez-passer de tous ceux qui se dirigeaient vers le palais pour ce procès hors norme.
Les portes d'accès se sont ouvertes à 10H00 pour les centaines de parties civiles, d'avocats et de journalistes attendues.
Près d'un millier de membres des forces de l'ordre seront mobilisés pour la sécurité du procès, dont 630 aux abords du palais et à l'intérieur, selon l'Intérieur.
"Le procès le plus long"
Filmé pour l'Histoire, ce procès va se dérouler sur neuf mois, une durée sans précédent pour une audience criminelle en France. "Ce sera le procès sans doute le plus long de l'histoire", a dit à l'AFP Me Christian Saint-Palais, avocat d'un des accusés.
Il est aussi inédit par l'ampleur du dossier - 542 tomes - par son nombre de parties civiles - au moins 1.800 - et par sa charge émotionnelle.
Quelque 550 personnes prendront place dans une salle spécialement construite au sein du palais.
Il doit permettre en particulier "aux familles de victimes, de comprendre ce qu'il s'est passé" et de "construire (une) mémoire collective en réaffirmant les valeurs d'humanité et de dignité de la société dans laquelle on vit", a déclaré l'ancien procureur de Paris François Molins sur RTL.
À l'ouverture, c'est sans doute vers Salah Abdeslam que tous les regards se tourneront.
Le Franco-marocain de 31 ans est le "dixième homme", seul membre encore en vie des commandos téléguidés par le groupe Etat islamique (EI) qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Saint-Denis et Paris.
La cour d'assises spéciale doit juger 20 accusés, soupçonnés d'être impliqués à divers degrés dans la préparation des attaques.
Dix prendront place dans le box aux côtés de Salah Abdeslam. Trois autres, sous contrôle judiciaire, comparaîtront libres.
Six autres enfin sont jugés par défaut, dont le donneur d'ordres et vétéran du jihad Oussama Atar, et les "voix" françaises de la revendication de l'EI, les frères Fabien et Jean-Michel Clain, tous trois présumés morts en Syrie.
Les deux premiers jours d'audience seront essentiellement consacrées à l'appel des parties civiles.
Sur place, Me Abed Bendjador a dit à l'AFP représenter un Argentin et un Espagnol présents au Bataclan: "Ils se sont constitués (parties civiles) hier et avant-hier. Pour dire +j'ai été présent, j'ai réussi à ne pas rester chez moi+" mais "je ne suis pas sûr qu'ils attendent grand-chose d'Abdeslam et des autres accusés", dit l'avocat, et "ils ne seront pas présents les premiers jours parce qu'il y a cette forme d'appréhension - toute l'organisation, la sécurité, le regard posé sur eux - et psychologiquement, c'est extrêmement dur".
"Vague d'émotion"
Les témoignages de rescapés et proches des victimes ne débuteront que le 28 septembre, pour cinq semaines.
"On sait" qu'à cette occasion, "c'est une vague d'émotion qui déferle, les faits remontent à la surface", dit Philippe Duperron, dont le fils de 30 ans a été mortellement blessé au Bataclan, et qui s'exprimera comme président de l'association de victimes 13onze15.
Le vendredi 13 novembre 2015, la nuit de terreur débute à 21H16: trois kamikazes vont se faire exploser aux portes du Stade de France, pendant une rencontre amicale de football entre la France et l'Allemagne.
Au coeur de Paris, deux commandos de trois hommes mitraillent à l'arme de guerre des terrasses de cafés et de restaurants et tirent sur la foule d'un concert au Bataclan, où l'assaut sera donné peu après minuit.
"Ce procès promet d'être chargé en émotions, la justice se devra toutefois de les tenir à distance si elle ne veut pas perdre de vue les principes qui fondent notre Etat de droit", mettent en garde les avocats de Salah Abdeslam, Olivia Ronen et Martin Vettes.
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