Vengeance personnelle ou acte de désespoir? Un homme armé a tué par balles jeudi matin une conseillère Pôle Emploi (l'équivalent du Forem ou d'Actiris en Belgique) à Valence en France et une salariée d'une entreprise ardéchoise où le suspect avait été employé, avant d'être interpellé puis placé en garde à vue.
Vers 8H30, cet homme, ingénieur sans emploi de 45 ans, est entré dans une importante agence de Pôle Emploi à Valence (Drôme) où il a mortellement touché une employée de 53 ans.
C'est la stupeur, la tristesse
Il "s'est présenté dans cette agence qui emploie pas mal de salariés, s'est adressé à une employée sans qu'on sache s'il la connaissait, et très vite il a fait feu à une reprise avec une arme, la blessant mortellement au thorax. Le décès a été constaté après une vaine tentative de réanimation", a détaillé à l'AFP le procureur de la République de Valence Alex Perrin.
L'homme est ensuite parti en voiture en direction des locaux d'une entreprise spécialisée dans la fabrication de véhicules de collecte de déchets à Guilherand-Granges (Ardèche), sur l'autre rive du Rhône. Sur place, "il a demandé à avoir un contact avec un cadre et a rapidement fait feu sur une employée de 51 ans, qui a été atteinte à deux reprises mortellement", a précisé M. Perrin. Selon lui, l'homme avait été employé dans cette entreprise.
Interpellé par la police
Faun Environnement emploie sur son site ardéchois 200 personnes. Une quarantaine d'entre elles étaient présentes jeudi au moment des faits, selon la mairie. Un important dispositif policier y était déployé jeudi à la mi-journée, a pu observer un journaliste de l'AFP.
Tandis que l'homme prenait la fuite en voiture en empruntant à contre-sens un pont en direction de Valence, son véhicule a percuté une voiture de la police de Valence qui tentait de l'intercepter. Il a alors été interpellé puis placé en garde à vue à 9h15, a indiqué Alex Perrin.
A l'heure où beaucoup s'interrogent sur cet acte aux airs d'expédition désespérée, aucun mobile n'a pour l'heure pu être établi. "A ce stade on ne sait rien de ses motivations", a assuré le procureur, indiquant avoir confié l'enquête pour "assassinats" à l'antenne de Valence de la police judiciaire de Lyon. Un cordon policier a été tendu autour de l'agence Pôle Emploi proche du centre-ville, où s'affairaient encore à la mi-journée agents du Samu et de la police judiciaire, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Stupeur"
"C'est la stupeur, la tristesse et la sidération face à cet acte totalement imprévisible et gratuit", a réagi le maire LR de Valence, Nicolas Daragon. "Cet homme a travaillé il y a dix ans dans la région" mais il n'avait "aucun lien" avec les deux victimes, a-t-il ajouté à l'AFP. Selon l'édile, le suspect originaire de Nancy n'habitait plus à Valence et était inscrit à Pôle Emploi Valence jusqu'en 2013. Suite au drame, la classe politique nationale a rapidement réagi, notamment sur les réseaux sociaux. "Le drame survenu à Valence endeuille le pays tout entier. Aux familles et aux proches des victimes, j'adresse mon soutien et les assure de la solidarité de la Nation. Mes pensées accompagnent les personnels de Pôle emploi dans la Drôme dont je partage l'émotion et la tristesse", a écrit dans un tweet le Premier ministre Jean Castex.
De son côté, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a "remercié" les forces de police pour l'interpellation rapide du suspect. La ministre du Travail Elisabeth Borne, qui doit se rendre sur place dans l'après-midi, s'est dite pour sa part "très émue par le drame". "Toutes mes pensées vont aux proches des victimes et aux agents de Pôle emploi", a-t-elle tweeté. Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger s'est dit "sous le choc" dans un message sur Twitter, tandis que son homologue de FO Yves Veyrier a fait part de sa "vive émotion", apportant notamment son soutien dans un communiqué aux agents de Pôle Emploi "dont la mission est, particulièrement aujourd'hui, essentielle et difficile".
Le directeur général de Pôle emploi, Jean Bassères, est également attendu sur place, a indiqué l'opérateur public à l'AFP, sans fournir plus de commentaires.
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