Le témoignage de Mohamed Abdeslam, le frère de Salah qui est l'homme le plus recherché du moment, a fait réagir beaucoup de monde depuis hier. Selon lui, ses deux frères, liés aux attentats de Paris, ne se sont pas radicalisés. Ils ont plutôt été manipulés.
Pour RTL info 13 heures, Jean-Pierre Martin et Emmanuelle Danblon, professeur et chercheur à l'Université de Bruxelles spécialiste du discours complotiste, ont revisionné les interviews de Mohamed Abdeslam hier dans plusieurs médias.
Avec son avocate, il a voulu apporter un éclairage sur le comportement de ses deux frères, Salah et Ibrahim. Ses explications sur leur transformation radicale diffèrent d'une interview à l'autre, mais le mot qui revient toujours, c'est "manipulation". "Je suis persuadé que mes frères n'ont pas été radicalisés comme beaucoup le disent, a-t-il déclaré dimanche sur le plateau de RTL info, mais plutôt manipulés. On s'est plutôt servis d'eux et c'est peut-être pour ça qu'on n'a pas vu de radicalisation, parce qu'elle était tout simplement inexistante."
La manipulation empêche de mettre en lumière des faits rationnels et prouvés, elle accrédite surtout le statut de victime des auteurs. "L'idée qu'il y a eu de la manipulation, et que c'est ça la cause de tout, déresponsabilise, non pas du tout au sens juridique, mais au sens psychologique. C'est-à-dire au sens où nous sommes victimes, nous avons été manipulés. Et ça, je pense que c'est un moteur psychologique très puissant", estime Emmanuelle Banblon.
Au lendemain des attentats de Paris, des jeunes, sur les réseaux sociaux, dans les banlieues, ou encore dans les cercles islamistes, ont propagé la thèse du complot des services américains, français ou israéliens, comme au lendemain des attentats du 11 septembre et comme au lendemain des attaques contre Charlie Hebdo.
"Après Charlie ça a été, dès le lendemain, quasiment exactement le même scénario. Donc la première chose intéressante c'est que le scénario est extrêmement cohérent, que là encore, il dédouane les auteurs. Il est urgent de former les enseignants à une vision beaucoup plus réaliste de ce qu'est réellement l'argumentation", dit encore la spécialiste.
Face à ces théories du complot qui renforcent l'idéologie des groupes terroristes soucieux de faire de chaque musulman une victime, les enseignants ont un rôle fondamental. En France, le ministère de l'Éducation nationale a diffusé cette semaine du matériel pédagogique à destination de tous les élèves.
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