Les scènes de guérilla urbaine ce samedi autour des Champs Elysées ont choqué les rangs de la majorité parlementaire française. Mais plusieurs figures de l'opposition ont accusé le gouvernement de mettre en scène ces violences pour discréditer le mouvement des "gilets jaunes".
Place de l'Etoile noyée sous les gaz lacrymogènes, tags anti-Macron sur l'arc de Triomphe, voitures en feu, plus d'une centaine d'interpellations: le Premier ministre Edouard Philippe a fait état à la mi-journée d'une "violence rarement atteinte" en haut de la "plus belle avenue du monde", transformée pour le deuxième samedi de suite en champ de bataille.
"Très tôt ce matin, des individus équipés et déterminés (...) ont fait preuve d'une grande violence. Les forces de l'ordre ont fait l'objet d'attaques qu'elles ont qualifiées elles-mêmes d'une violence rarement atteinte", a souligné le chef du gouvernement qui avait annulé son discours prévu au Conseil national de LREM pour "se concentrer", depuis les locaux de la préfecture de police, sur le suivi d'une nouvelle journée d'émeute au coeur de la capitale.
Alors que les violences se sont étendues à d'autres rues, Édouard Philippe s'est dit particulièrement "choqué par la mise en cause de symboles de la France" après avoir visionné les images de manifestants casqués et encagoulés entonnant la Marseillaise autour de la flamme du soldat inconnu, qui repose sous l'Arc de Triomphe.
Une scène qui a inspiré le commentaire suivant sur Twitter à Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national: "Bravo aux #GiletsJaunes qui ont fait rempart de leurs corps en chantant la Marseillaise pour protéger la flamme du soldat inconnu contre les casseurs. Vous êtes le peuple de France se dressant contre la racaille".
A droite, le porte-parole des Républicains (LR) Gilles Platret a jugé que "les images de violence exacerbée au pied de l'Arc de Triomphe, symbole de la gloire française profané par des hordes de casseurs" étaient "une honte", tout en réaffirmant son "entier soutien aux revendications des vrais 'gilets jaunes' sur le pouvoir d'achat".
Le petit jeu qui consiste à essayer d'effrayer tout le pays, je trouve ça tellement grossier
Pour le reste, l'opposition a surtout rejeté la faute sur le gouvernement, coupable selon elle, d'utiliser voire d'encourager ces scènes de chaos pour dénigrer le mouvement des "gilets jaunes". "C'est le gouvernement qui laisse faire les casseurs systématiquement tous les samedi pour discréditer un mouvement populaire", a accusé Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France. "Le gouvernement met en scène chaque samedi des violences, alors qu'il suffirait d'empêcher les casseurs d'atteindre les Champs Elysées", a-t-il déclaré sur LCI, en réclamant la démission du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, un "incapable" et un "manipulateur".
Son rival de la droite de la droite, Florian Philippot, président des Patriotes, a lui aussi estimé que le président Emmanuel "Macron cherche l'incident à Paris". "Mais le monde partout en région, et la bonne ambiance qui y règne ne trompent pas: Macron est haï, et le mouvement populaire est d'une puissance croissante et redoutable", a-t-il ajouté sur Twitter.
A l'autre bout de l'échiquier politique, même son de cloche. "Le pouvoir veut un grave incident pour jouer la peur", a cinglé Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la France insoumise, qui a dénoncé un "incroyable acharnement contre les manifestants pacifiques Place de l'Étoile". "Le petit jeu qui consiste à essayer d'effrayer tout le pays, je trouve ça tellement grossier. Il y a des incidents dans un coin de Paris, la belle affaire. Il y en a pas, à Marseille, il y en a nulle part ailleurs, donc oublions", a-t-il dit à la presse à Marseille où il soutenait les "gilets jaunes".
Ces propos ont ulcéré le député marcheur Matthieu Orphelin, pointant les "graves déclarations" de M. Mélenchon "qui accuse l'Etat d'organiser cela". "Les casseurs place de l'Etoile injurient notre démocratie. Respect aux fonctionnaires mobilisés pour assurer la sécurité de tous. La grande majorité des #GiletsJaunes est pacifiste. Trouvons sortie de crise", a-t-il ajouté sur Twitter.
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