Le troisième samedi de mobilisation des "gilets jaunes", décidés à maintenir la pression sur le gouvernement, a été perturbé par de nombreux casseurs venus affronter les forces de l'ordre. Des scènes de guérilla urbaine ont eu lieu à proximité des bâtiments du pouvoir politique français. Voici l'analyse de notre grand reporter Christophe Giltay.
C'est très impressionnant de voir ça à l'arc de Triomphe. Il faut savoir qu'on ne manifeste jamais sur les Champs-Elysées à Paris. On n'autorise jamais de manifestation, et ça depuis la terrible manifestation d'extrême droite du 6 février 1934. C'était une manifestation qui avait voulu prendre le palais Bourbon, donc le Parlement français. Il y avait eu 14 morts lors de cette manifestation. Depuis, on interdit toujours les manifestations dans ce quartier. Voyons une carte qui permet de voir la situation.
Vous avez l'arc de Triomphe, puis l'Elysée qui est environ à deux kilomètres au sud, et le palais Bourbon est de l'autre côté de la Seine, presque en face de l'Elysée. On est vraiment au cœur du pouvoir, donc voir des manifestants se déployer et des casseurs agir dans ce quartier, c'est totalement exceptionnel.
Les gilets jaunes authentiques remplacés par des casseurs d'extrême droite
Alors, qu'est-ce qui s'est passé? Il y a eu des manifestants gilets jaunes qu'on pourrait appeler "sincères", notamment ceux qui chantent autour de la flamme du soldat inconnu et qui étaient là pour la protéger des casseurs, et qui ont chanté La Marseillaise. Puis progressivement dans la journée, ces gilets jaunes authentiques ont été remplacés par des casseurs, probablement venant de blocs d'extrême droite, qui ont été identifiés comme tel. Eux ont l'habitude de combattre les policiers. Ils ont des techniques de guérilla. Ils ont affronté les policiers avec beaucoup de violence.
La stratégie des forces de l'ordre
Quelle est la stratégie des policiers dans ces cas-là? Ils laissent les gens se déployer sur une place, ils laissent une avenue ouverte pour qu'il y ait une échappatoire, et progressivement ils essaient de les chasser. C'est ce qui s'est passé, ils se sont alors répandus dans l'avenue Kléber, qui va vers le Trocadéro, où là ils ont commis de très importantes déprédations: brûler des voitures, brûler un bâtiment, et les combats continuent toujours.
Deuxième problème: il y a eu des groupes extrêmement mobiles qui se sont répartis un peu partout dans Paris: place du Trocadéro, aux Tuileries, paraît-il tout près de la Bourse. Et c'est très difficile pour la police d'arriver à contenir tous ces groupes très mobiles.
Voilà la situation ce samedi soir. On ne peut pas dire que Paris est à feu et à sang, Paris c'est beaucoup plus grand que ça. Mais la force du symbole est là. Et visiblement on est face à un mouvement terrible.
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