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Manifestation contre les violences policières à Paris: "C'est pas les Noirs contre les Blancs, c'est l'humanité contre le racisme", selon Kezia, 15 ans

Manifestation contre les violences policières à Paris: "C'est pas les Noirs contre les Blancs, c'est l'humanité contre le racisme", selon Kezia, 15 ans
© Instagram Assa Traore
 
 

Des milliers de personnes ont manifesté samedi en France contre le racisme et les violences policières, sur fond de colère chez les forces de l'ordre et à la veille d'une allocution du président Emmanuel Macron.

A Paris, des tensions ont éclaté et la police a tiré des gaz lacrymogènes après avoir reçu quelques projectiles en fin d'après-midi après trois heures de rassemblement statique, les manifestants étant bloqués à leur point de départ.

Des milliers de personnes se sont rassemblées - 15.000 d'après les chiffres de la préfecture de police de Paris (PP) (et 120.000 selon le comité Adama) - sur la place de la République à l'appel du comité Adama Traoré, jeune homme noir mort en juillet 2016 après son interpellation par des gendarmes en région parisienne.

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Au tout début du rassemblement, Assa Traoré, la soeur du jeune homme et figure du comité, a pris la parole invitant la foule à "dénoncer le déni de justice", "la violence sociale, raciale, policière", réclamant à nouveau la mise en examen des gendarmes impliqués dans l'interpellation de son frère.

"Quand le peuple français descend, c'est qu'on réclame tous la même chose, une justice juste pour tout le monde", a-t-elle ajouté.

Dans la foule, de nombreux jeunes vêtus d'un T-shirt noir floqué de la demande portée depuis quatre ans par la famille Traoré: "Justice". Des pancartes proclament: "Tant que nous n'aurons pas la justice, vous n'aurez pas la paix", "On doit être la dernière génération à manifester pour ça".

Mais l'impossibilité de défiler comme prévu a frustré de nombreux manifestants: "Je suis venu manifester pour la justice, on a été gazé à de multiples reprises puis ils nous avaient entouré et ça a dégénéré vu qu'on pouvait pas partir", raconte Djibril Sacko, 19 ans, avant d'ajouter "mais pour la justice on peut aller jusqu'au bout du monde". Peu avant avant 20H00 la foule s'était dispersée.

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"Racisme systémique"

Le 2 juin, le comité Adama avait mobilisé 20.000 personnes devant le tribunal judiciaire de Paris, et s'est imposé comme le fer de lance de la lutte contre les violences policières. Son discours s'est élargi, de la dénonciation de violences policières à celle d'un "racisme systémique", trouvant un écho puissant après la mort de George Floyd, qui a suscité une vague planétaire d'indignation.

En marge du défilé, 26 personnes ont été interpellées d'après la PP, dont 12 militants identitaires après le déploiement en haut d'un immeuble d'une banderole rouge et blanche portant l'inscription: "Justice pour les victimes du racisme anti blanc".

D'autres défilés ont eu lieu à travers la France, comme à Marseille où 2.200 ont manifesté selon la police, 4.000 à 5.000 selon les organisateurs.

Kezia, 15 ans est venue avec un groupe d'amis: "on attend une égalité entre Noirs et Blancs. C'est pas les Noirs contre les Blancs, c'est l'humanité contre le racisme". Pas loin, une affiche proclame: "Bonne nuit White privilège" et une statue "à la gloire des colonies" a été couverte de peinture sur les escaliers de la gare Saint-Charles.

A Bordeaux, environ 500 personnes ont défilé dans une atmosphère bon enfant. "On n'a pas besoin d'avoir été victime pour être solidaires", affirmait dans le cortège Sarah, 15 ans, collégienne et membre de BlackLivesMatter-Bordeaux. "Rien que l'idée qu'il puisse y avoir du racisme et des abus dans la police qui est censée nous protéger, c'est affolant."

A Lyon, où environ 2.000 personnes s'étaient rassemblées, la fin de manifestation s'est tendue entre quelques dizaines de manifestants et les forces de l'ordre, qui ont fait usage d'un véhicule lanceur d'eau et de gaz lacrymogène.

Dans les prises de parole qui avaient précédé, l'attention s'est portée sur des jeunes de la région comme Mehdi, mort en 2016 en scooter à Vénissieux après avoir tenté d'échapper à un contrôle de police. Ou Wissam, décédé en 2012 à Clermont-Ferrand après son interpellation dans des conditions controversées.

A Nantes, ce sont un millier de personnes qui ont défilé en fin d'après-midi, tandis que dans l'Est de plus petits cortèges ont marché à Metz (200), Nancy (550) et Besançon (550).

"Pas perdre la jeunesse"

"Il ne faut pas perdre la jeunesse", s'est inquiété jeudi le chef de l'Etat, dont l'allocution dimanche soir sera autant scrutée par les militants antiracistes que des policiers épuisés, écoeurés d'être "jetés en pâture" par leur ministre, Christophe Castaner.

Le racisme est "une maladie qui touche toute la société", a déclaré mercredi en Conseil des ministres Emmanuel Macron, tout en défendant les forces de l'ordre "dont l'écrasante majorité ne saurait être salie".

Le ton est à l'apaisement après une semaine difficile pour l'exécutif. Pressé d'agir, le ministre de l'Intérieur avait annoncé des sanctions de policiers en cas de "soupçon avéré" de racisme, avant de reconnaître une erreur.

Samedi en fin de journée, après une journée globalement calme, il a rendu hommage sur Twitter aux forces de l'ordre: "Reconnaissance et indéfectible soutien aux forces de l'ordre prises pour cible. Je salue l'engagement et le professionnalisme avec lesquels elles ont sécurisé, partout en France, les manifestations de ce jour".

Dans un communiqué vendredi soir, il a en revanche confirmé la suppression de la technique d'interpellation dite "d'étranglement", qui ne sera plus enseignée.

Évoquant une lettre adressée par le ministre aux forces de l'ordre, Frédéric Lagache, du syndicat Alliance, affirme que cela ne suffira pas à apaiser la colère de policiers "blessés et touchés dans leur honneur" et qui attendent "d'être reçus" par M. Macron.


 

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