Nordahl Lelandais est jugé à Chambéry depuis ce lundi pour le meurtre du caporal Arthur Noyer. Le procès doit durer une dizaine de jours.
Le procès de Nordahl Lelandais se poursuit ce mardi. Les anciennes compagnes de l'accusé vont défiler à la barre. Cet après-midi, c'est au tour de l'ancien militaire d'être interrogé sur les faits qui l'ont vu, dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, prendre en stop le chasseur alpin Arthur Noyer.
2e jour de procès - LE DIRECT:
L'audience s'est terminée vers 21h. Elle reprendra ce mercredi.
19h - Le directeur d'enquête a été entendu pendant 2 h rapportent plusieurs de nos confrères. De l'étude de la téléphonie mobile au visionnage des caméras de surveillance, tout le déroulé de l'enquête est expliqué.
16h25 - Lelandais donne la même version des faits qu'il a présentée devant les enquêteurs lors de son interrogatoire. Il raconte qu'il se trouvait à Chambéry, le 11 avril 2017. Il dit avoir aperçu Arthur Noyer en train de faire du stop. Il aurait accepté de conduire le caporal avant qu'une bagarre n'éclate. Il raconte deux premiers coups de poing donnés par le caporal. A la suite de cela, il aurait répliqué. Puis Arthur Noyer serait tombé en arrière. Lelandais assure qu'à ce moment-là, il ignorait que le caporal ne se relèverait pas.
"Je réalise pas et je réagis pas vraiment. Je pensais qu'il était KO. Mais il y a plus de mouvement de sa part", raconte-t-il, selon une retranscription de nos confrères de France Bleu Savoie. Une fois encore, il décrit une mort accidentelle. Selon lui, il n'a pas voulu tuer le jeune caporal.
Il raconte avoir tenté un massage cardiaque avant de charger le corps dans le coffre de son véhicule. S'ensuit un parcours en voiture afin de trouver un endroit pour déposer le corps.
Il s'est ensuite adressé à Arthur, indique CNews. "Désolé Arthur. Je sais que tu es face à moi aujourd'hui. Je dis ce qui s’est passé. Désolé pour ta famille qui doit être très peinée d’entendre ce que je suis en train de raconter mais je dis la vérité", a-t-il lancé. Pour rappel, en salle d'audience, les parents du caporal Noyer ont posé un grand portrait de la victime, âgée de 23 ans lors de sa mort en 2017. Une vision plutôt singulière dans une cour d'assises.
16h20 - La parole est donnée à Nordahl Lelandais. Il doit s'expliquer sur les circonstances du meurtre du caporal Arthur Noyer.
15h - Cet après-midi, l'audition de témoins, dans le but de déceler la personnalité de Lelandais, se poursuit. L'accusé devrait ensuite être interrogé sur les faits survenus la nuit du meurtre.
14h - Un homme d’une trentaine d’années, a raconté les quelques rapports sexuels qu’il a eus avec l’accusé à partir d’octobre 2016 et qui étaient, à sa connaissance, les premières relations homosexuelles de Nordahl Lelandais.
Lors de leur première rencontre, le témoin en tenue de latex a été transporté dans le coffre de la voiture de Lelandais avant des relations sexuelles avec godemichés et menottes au bord d’un lac de la région de Chambéry. Gêné à la barre, il affirme ne pas s'être "senti en danger" avant de se dire tout haut: "j’aurais très bien pu finir comme le caporal Noyer".
12h - La troisième ancienne compagne de Lelandais dresse un portrait sombre de l'accusé. Elle raconte qu'après leur rupture, alors qu'elle se promenait avec ses chiens en forêt, elle l'a croisé avec une tronçonneuse dans le dos. Persuadée qu'il l'a suivait, elle dit avoir eu peur pour sa vie. "Il est venu me terroriser", affirme-t-elle.
Un épisode que nous avions relaté en octobre 2019, dans cet article.
De son côté, Lelandais assure qu'il avait seulement l'intention de retirer le cœur avec leurs initiales gravées sur un arbre, précise LCI.
Elle a indiqué avoir porté plainte à deux reprises contre lui et s'être rendue quatre fois à la gendarmerie à son propos. Elle a assuré que cette procédure était toujours en cours.
L'avocate générale a cependant indiqué que ses plaintes avaient été classées sans suite et qu'elle en avait été avisée, alors que la femme au manteau blanc assure l'apprendre à la barre.
11h30 - Les auditions se poursuivent. En ce deuxième jour de procès, il est toujours question de la personnalité de Nordahl Lelandais vue à travers ses ex compagnes qui se succèdent à la barre. Elles dressent le portrait d’un homme qui ne supporte pas qu’on lui résiste.
9h30 - L'une des ex petites-amies de l'accusé est la première à être entendue ce mardi. Elle décrit leur relation intime, essentiellement sexuelle. Quand elle a appris qu'il était le principal suspect dans le meurtre de la petite Maëlys, elle dit être "tomber des nues". Elle décrit un homme qui pouvait se montrer impulsif et nerveux mais qui n'a jamais été violent envers elle.
9h - L'audience a repris. Nordahl Lelandais a pris place dans le box des accusés. Il a troqué sa chemise bleu clair pour une chemise blanche.
Résumé du premier jour du procès:
Au premier jour de son procès pour le meurtre du caporal Arthur Noyer à Chambéry, Nordahl Lelandais a réfuté toute volonté de tuer, comme dans l'affaire de la petite Maëlys, et a calmement détaillé un parcours de vie sans accident jusqu'en 2017.
"Oui j'ai donné la mort à Arthur Noyer, mais je n'ai jamais voulu lui donner la mort", a-t-il brièvement assuré au président de la cour d'assises.
L'ancien maître-chien de 38 ans, cheveux courts, barbe fine poivre et sel et chemise bleu pâle, a soutenu la ligne de défense adoptée le 29 mars 2018. Après des mois de dénégations, il avait reconnu devant les juges avoir "été très violent" dans ses coups portés au caporal Noyer, et s'en était depuis tenu au récit d'une bagarre qui avait mal tourné.
Une bagarre puis une chute?
Selon les enquêteurs, Nordahl Lelandais était alors en recherche d'aventure sexuelle. Est-ce la raison pour laquelle il a pris en stop Arthur Noyer ? A-t-il voulu profiter de la vulnérabilité du jeune de 23 ans causée par une consommation excessive d'alcool ? C'est ce qu'a assuré dans un premier temps un ex-codétenu de l'accusé avant de revenir sur ses déclarations.
Parmi les autres mobiles envisagés, celui d'une vengeance à l'encontre de l'armée. Durant plusieurs années, Nordahl Lelandais avait trouvé sa place dans les rangs de l'armée, en tant que maître-chien. Mais un accident de fléchette est survenu quelques années après son intégration. Il a alors été réformé pour "infirmité". Pour l'ex-militaire, l'armée aurait voulu cacher cet accident. À l'heure actuelle, il ne s'agit que d'une simple hypothèse qu'il faudra démontrer. Pas facile face à un accusé qui est dans la totale maîtrise.
Au premier jour du procès, face au témoignage de sa mère, Nordahl a cependant laissé apparaître quelques larmes. Un court échange a eu lieu. La mère de l'accusé lui a alors demandé de dire "toute la vérité" pour les parents d'Arthur Noyer.
Interrogé sur les faits ce mardi
L'enquête sur la disparition d'Arthur Noyer avait patiné pendant plusieurs mois avant que les enquêteurs ne fassent le lien avec l'affaire de la disparition de Maëlys De Araujo, à l'automne 2017. Les deux affaires ont été instruites séparément, et le procès pour la mort de la fillette de huit ans pourrait avoir lieu en 2022.
Alain Jakubowicz, dans sa première prise de parole, a précisé qu'il ne comptait pas demander l'acquittement de son client, qui encourt trente ans de réclusion criminelle.
L'avocat a déjà obtenu une première victoire auprès des magistrats, avec l'annulation d'une expertise psychiatrique dont l'auteur avait participé à une émission de télévision avant le procès. Le verdict est attendu autour du 12 mai.
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