Au troisième jour de son procès pour le meurtre d'Arthur Noyer, Nordahl Lelandais a visiblement été ébranlé par le témoignage d'une amie, mais les exhortations de cette dernière n'ont pas permis de le faire revenir sur sa version d'une bagarre déclenchée par la victime.
L'audience de l'après-midi a été riche en émotion au tribunal de Chambéry. Une amie de l’accusé a tenté de pousser l'accusé dans ses retranchements après avoir raconté à la barre une soirée passée avec Lelandais le 13 avril, environ 36 heures après la mort du caporal Noyer.
"Il était bien, il était beau, il était festif, normal. Il était comme toujours". "Ce soir-là, on a passé une excellente soirée", dit cette jeune femme cheveux mi-longs noirs de jais élégamment vêtue. Elle décrit l'ancien maître chien de 38 ans comme fêtard, dragueur.
Tu leur dois la vérité, Nordahl
Elle admet encore éprouver de l’affection pour lui. "Moi j’ai connu quelqu’un d’extrêmement sympathique, prévenant. On appréciait sa compagnie". Tout juste lui reconnaît-elle un "besoin de se mettre un petit peu en avant", sans être certaine que c'est un défaut.
Mais quand elle apprend qu'il est accusé des meurtres d'Arthur Noyer et de Maëlys, 8 ans, quelques mois plus tard en 2017, elle est "ahurie". "On a de la peine d’avoir fait entrer une personne comme ça dans sa vie". "On n’est pas préparé à ça en tant qu’humain", confie-t-elle avant de songer à la famille de la victime. "Moi je n’ai rien perdu, à la limite un ami". Puis, elle se tourne vers le box des accusés : "Tu leur dois la vérité, Nordahl".
Lelandais, vêtu d'un polo blanc à manches longues, acquiesce de la tête puis se lève à l’invitation du président. Il prend un moment pour contenir ses larmes. Participer à cette soirée du 13 avril, pour lui, "c’était une carapace", admet-il tout juste.
"Au fond de moi, je n’étais pas heureux. C’était un comportement très lâche, mais je ne faisais pas de comédie. J’aurais dû parler avec mes amis, mais je n’y arrivais pas. (…) Je sais que ce sont des personnes qui m’auraient accompagné", poursuit-il.
Par la suite, mes nuits n’ont pas été les mêmes
Le président insiste sur son comportement ce soir-là: "La question n’est pas là. La question est comment on arrive à passer une soirée festive, à être dragueur, alors qu’on a commis un crime 36 heures plus tôt ?"
"Par la suite, mes nuits n’ont pas été les mêmes", lui répond Lelandais, se tournant immédiatement vers la famille d’Arthur Noyer. "Je suis vraiment désolé de vous dire ça, monsieur et madame Noyer". "Je sais que vos nuits sont pires que les miennes". La mère d'Arthur le regarde calmement, fait "oui" de la tête.
Me Alain Jakubowicz se tourne à son tour vers son client. Cette soirée "est-ce pour toi une manière de cacher aux autres ce que tu avais fait, mais aussi de te le cacher à toi-même ?" Le regard bas, Lelandais l’admet. "Tu peux comprendre que cela heurte ?", ajoute l’avocat. "Oui, bien sûr".
La jeune amie reprend la parole: "Je crois que mon cerveau n’arrive pas à le voir comme un monstre. Pour moi c’est Nordahl. Mon cerveau a bloqué, comme une énorme douleur". Me Jakubowicz rebondit: "et s’il ne l’était pas ?". "C’est à vous de le démontrer, maître".
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