La manifestation des gilets jaunes a dérapé, samedi à Paris. Des manifestants, casseurs avec ou sans gilet jaune sur le dos, ont dégradé des magasins, monuments et du mobilier urbain, attaqué la police. Un riverain témoigne à notre micro.
Dans la capitale française, ce dimanche matin, l'atmosphère est plus calme. Il n'y a plus aucun gilet jaune. Les Champs-Élysées et les artères aux alentours revivent peu à peu.
L'Arc de Triomphe, dégradé et pillé, est toujours entouré par un cordon policier, et il est impossible de l'approcher.
A quelques dizaines de mètres de là, les stigmates des scènes de guérilla urbaine sont toujours bien visibles. Nous avons rencontré Aurelio, qui habite tout près. Il a eu peur…
"Je ne peux pas dire que je n'ai pas eu peur. Mais j'étais à l'intérieur de mon appartement. La peur, c'était qu'ils réussissent à s'introduire, comme ils ont essayé de le faire en défonçant les porches d'entrée: les mécanismes d'ouverture sont d'ailleurs cassés. On a du utiliser des cales pour bloquer les portes... On avait fermé les volets, donc sur le moment, on n'avait pas trop peur. C'est après coup, surtout, qu'on a peur: on pense à ce qu'il aurait pu se passer, que ça aurait pu être plus grave", nous a-t-il expliqué.
Aurelio, ce matin, balaye et déblaye. Et se souvient. "Quand je suis sorti à minuit hier, on aurait dit qu'il y avait eu une guerre, avec des voitures brûlées tout le long, des véhicules de chantier déplacés" :
Entre 300 et 500 personnes nettoient...
Les équipes de nettoyage sont toujours mobilisées. Entre 300 et 500 personnes travaillent actuellement pour tout remettre en état. Des renforts sont arrivés vers 5h du matin. 1.500 tonnes de débris ont été ramassés autour de la place de l'Etoile.
La nuit a été très longue. En fin de soirée, la circulation a été rétablie, mais ces images restent: des automobilistes qui slaloment entre les débris, les voitures calcinées, les barricades.
Les habitants, petit-à-petit, sont rentrés chez eux. Je retiens ces mots: "Quelle consternation, quelle tristesse". Certains sont à pied et font le tour pour constater, impuissants, les dégâts. Le montant de ceux-ci n'est pas encore connu, mais il est lourd, très lourd…
Un bilan plus lourd que le 24 novembre
Les violences samedi à Paris ont fait 133 blessés et conduit au placement en garde à vue de 378 personnes, selon un bilan de la préfecture de police dimanche. Au total, la police a procédé à l'interpellation de 412 personnes. Parmi les 133 blessés, 23 font partie des forces de l'ordre, a détaillé la préfecture de police.
Ce bilan, "très important" selon une source policière, est nettement supérieur, à celui de la précédente mobilisation parisienne le 24 novembre. Selon la préfecture de police, les violences avaient fait 24 blessés, dont 5 côté forces de l'ordre, 103 personnes avaient été interpellées, dont 101 placées en garde à vue.
Vos commentaires