Tout le monde se souvient de cette image. Une femme enceinte suspendue dans le vide sur la façade arrière du Bataclan appelle à l’aide. Un homme apparait alors sur le balcon duquel elle s’est suspendue et la remonte saine et sauve. Cet homme, c’est Sébastien. Ce matin, Yves Calvi a réalisé son interview sur RTL France. Voici son témoignage.
Sébastien est resté 2h30 avec les deux kamikazes et a discuté avec eux. Son témoignage est bouleversant. "Ils nous ont emmenés dans la salle où les blessés étaient encore agonisants. Ils nous ont expliqué que ce n'était que le début et que la guerre commençait maintenant et qu'ils étaient là au nom de l'Etat Islamique. Ensuite ils nous ont demandé si on était d'accord avec eux. Je vous laisse imaginer le silence qui a plané à ce moment-là. On a hoché de la tête pour les plus timides et on a dit"oui" pour les plus téméraires quand ils nous ont ramenés ensuite dans le couloir où ils nous ont retenus en otage. Ils nous demandaient de faire le guet et de crier aux policiers de ne pas se rapprocher."
Le test: brûler de l'argent
L'otage se souvient alors du test que lui ont fait passer les deux terroristes. Ils lui ont tendu une liasse de billets et lui ont demandé d'y mettre le feu. "Pour voir si l'argent avait de l'importance à mes yeux." Il s'est exécuté. "Il y a eu une sorte d'échange quand même. Les otages m'ont remercié à la fin. Ce n'est pas pour me faire passer pour un héros. Les vrais héros, ils sont morts".
Le jour où sa vie a basculé
Cette discussion, même si elle a été très tendue, elle a fait basculer la vie du jeune homme. "Trois jours plus tard, on y pense encore, et ces conversations-là, en fait elles sont marquées du sceau de l'urgence, c'est à dire qu'à tout moment une parole déplacée ou mal interprétée peut provoquer la mort. C'est à ce moment là qu'on l'accepte, c'est quand on voit qu'ils s'énervent parce qu'on leur répond, c'est quand on voit qu'ils manquent d'humour. (...) A partir du moment où il a commencé à parler, j'ai commencé à me dire que j'étais peut-être destiné à vivre, parce que c'était tellement facile de me tuer à ce moment-là. J'étais à sa merci donc cette image restera gravée mais elle sera aussi comme le début de l'espoir aussi paradoxal que cela puisse paraître, parce que j'avais fui, je voulais me cacher et quand ils m'ont trouvé ils ne m'ont pas tué. C'est ça, ma chance."
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