Les attentats de Paris, le 13 novembre 2015, avaient fait 130 morts, dont 90 au Bataclan, et plus de 350 blessés. L’un des premiers policiers à entrer dans la salle de spectacle était Matthieu Langlois, médecin-chef du RAID, l'unité d'élite de la police française. Il a voulu raconter l’horreur de cette soirée. Un reportage de Nathanaël Pauly et Emmanuel Tallarico.
Matthieu Langlois a écrit le livre "Moi, médecin-chef du Raid: état de guerre à Paris". Dans cet ouvrage l'homme raconte son intervention au Bataclan le 13 novembre. "On a des émotions qu'on doit accepter et maîtriser", raconte le médecin à Nathanaël Pauly.
"J'ai demandé à toutes les victimes qui étaient dans la fosse si elles pouvaient éventuellement bouger et de venir vers nous. Malheureusement, toutes celles qui avaient pu fuir par leurs propres moyens s'étaient cachées ou avaient déjà quitté les lieux", confie le docteur. L'homme a dû enjamber des dizaines de corps. Il a fait le tri entre les morts et les vivants. Il a dû donner la priorité à ceux qui avaient encore une chance de s'en sortir. Il a fait des choix douloureux notamment lorsqu'il a réalisé qu'il ne pouvait pas sauver une jeune victime.
"Au moment où je la vois, elle est toujours vivante mais je sais que les lésions sont telles que ses chances de survie sont nulles et qu'il y a d'autres blessés à côté qu'on peut encore sauver. C'est là où j'ai pris la décision d'évacuer en priorité d'autres blessés. J'ai eu besoin de lever certains doutes personnels, j'ai su le lendemain qu'elle était décédée à l'hôpital", ajoute Matthieu Langlois.
Ce soir-là, le médecin-chef du RAID a sauvé de nombreuses vies. Il a repris son travail dès le lendemain mais les images restent. "On sait ce qu'on a vécu, on l'effacera jamais de nos mémoires mais on s'en sert pour continuer à s'enrichir", détaille l'homme.
Un an après le drame, l'émotion reste. Les passants s'arrêtent toujours devant le Bataclan et fleurissent les lieux pour rendre hommage aux victimes.
Sting au Bataclan
Le Bataclan rouvrira ses portes au public samedi, à la veille du premier anniversaire de l'attaque djihadiste qui a fait 90 morts dans la salle parisienne, avec un concert de Sting, promis à une résonance mondiale.
Vos commentaires