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"A un moment, ça va péter": les nerfs à vif de Jawad Bendaoud à son procès en appel

"A un moment, ça va péter": les nerfs à vif de Jawad Bendaoud à son procès en appel
Jawad Bendaoud le 21 novembre 2018 au tribunal à ParisJACQUES DEMARTHON
 
 

"Je suis pas un menteur moi": neuf mois après sa relaxe, Jawad Bendaoud, loin d'être apaisé, a affirmé à la cour d'appel de Paris qu'il ne savait pas qu'il hébergeait deux jihadistes, dont l'un des cerveaux des attentats du 13 novembre 2015.

Le président de la cour a dû suspendre l'audience quelques minutes, après trois heures de questions. Les yeux rouges de colère, Jawad Bendaoud tapait sur le pupitre à la barre. "Mettez-moi six ans", a-t-il lancé: "J'ai plus rien à perdre". "Vous me lancez des petites piques depuis tout à l'heure. A un moment, ça va péter", a lâché le prévenu au président.

"Votre vérité change", "Vous êtes quand même très souvent contradictoire avec vous-même", avait relevé le président, en mettant en avant des différences dans les déclarations de Jawad Bendaoud, au cours des auditions qui ont eu lieu après son interpellation, le 18 novembre 2015. "Je suis pas un menteur moi", a répondu Jawad Bendaoud. "Ne haussez pas le ton!", l'a rappelé à l'ordre le président.

Jawad Bendaoud, 32 ans, est rejugé pour "recel de malfaiteurs terroristes", pour avoir fourni l'appartement où Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh s'étaient repliés, à Saint-Denis. C'est là que les deux jihadistes, et la cousine du premier, Hasna Aït Boulahcen, sont morts le 18 novembre dans l'assaut des policiers du Raid. Après sa relaxe, le parquet avait fait appel.

L'audience de mercredi était la première consacrée à Jawad Bendaoud, dans ce procès qui a démarré le 21 novembre.

Le président a repris l'emploi du temps du prévenu, à partir du soir du 13 novembre. C'est en allant chez son père, qui regardait la télévision, qu'il a réalisé qu'il y avait eu des attentats. "Mon père m'a dit: + Tous les terroristes sont morts +".

Après, "zéro journaux, pas de télé": il n'aurait plus suivi l'actualité mais aurait passé le week-end à se "défoncer la gueule", avec cannabis et cocaïne.

Jawad Bendaoud est confus sur plusieurs points, se contredit parfois. Par exemple, il assure qu'il ne connaissait pas Hasna Aït Boulahcen avant le 17 novembre, alors qu'il avait dit l'avoir déjà vue.

- "Tourner dans une série" -

Mais sur l'essentiel, son récit ne change pas. Il se présente comme "un musulman non-pratiquant". A propos des radicalisés, il dit: "Moi, je n'ai jamais été dans ce délire-là".

Il répète ce qu'il a martelé en première instance: "A aucun moment, j'ai pensé que j'allais héberger des mecs qui avaient tué plus de 100 personnes". "Il y avait des trucs louches, mais à aucun moment j'ai tilté".

Il pensait qu'Abaaoud, qui était déjà présenté dans les médias comme l'organisateur des attentats, était toujours en Syrie. Il avait vu en 2014 la vidéo montrant le jihadiste au volant d'un pick-up, traînant des cadavres. Mais il dit ne pas l'avoir reconnu, dans le squat. "Dans ma tête, personne n'était en cavale".

Pour ce délinquant multirécidiviste, la priorité, c'était de toucher les 150 euros promis pour trois nuits. "J'ai passé maximum 7 minutes avec eux". Il a imaginé "des voyous, mais jamais des terroristes".

"Pensez-vous que des gens vous en veulent?", l'interroge le président. "Il y en a plein qui ont envie de me tuer", répond-il froidement.

A-t-il travaillé depuis sa remise en liberté, en février? Non. "Là, c'est foutu, c'est même pas la peine de chercher". Jawad Bendaoud, en jogging rouge moulant, explique avoir gagné un peu d'argent en faisant de la pub sur le réseau Snapchat pour des restaurants, des loueurs de voiture. "Je vais peut-être tourner dans une série connue. Je vais jouer un logeur de trafiquants dans la cité".

Un expert psy a recommandé un suivi psycho-thérapeutique. Mais Jawad Bendaoud n'y semble pas favorable: "Je préfère me défoncer avec du shit que prendre des cachets. C'est naturel, ça sort de la terre".

L'audience reprendra jeudi à 13H30.


 

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