Relaxé en première instance, Jawad Bendaoud a été condamné vendredi en appel à Paris à quatre ans de prison pour avoir hébergé deux jihadistes des attaques du 13 novembre 2015, dont leur cerveau présumé Abdelhamid Abaaoud.
Entouré de six gendarmes dans le box, Jawad Bendaoud est resté calme à l'annonce de l'arrêt de la cour d'appel. Lui qui avait crié son innocence tout au long de son procès et explosé plusieurs fois de colère, a réagi à cette décision en secouant légèrement la tête, visiblement résigné.
Jawad Bendaoud, 32 ans, avait été relaxé en première instance en février 2018. Vendredi, la cour a également prononcé l'interdiction de ses droits civiques et civils pendant cinq ans.
Il devra de plus indemniser au titre des dommages et intérêts de nombreuses parties civiles, dont des "victimes directes" des attentats, des "victimes indirectes" ainsi que des résidents de l'immeuble de Saint-Denis, où il avait logé les deux jihadistes après les attaques du 13-Novembre.
Pendant une heure, le président a lu un à un les noms de ces parties civiles. Jawad Bendaoud devra leur verser des dizaines de milliers d'euros et devra également indemniser la ville de Saint-Denis.
Des centaines de personnes s'étaient constituées partie civile dans ce procès qui était le premier en lien avec les attaques du 13-Novembre qui avaient fait 130 morts à Saint-Denis et Paris.
Jawad Bendaoud était jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes" pour avoir fourni l'appartement où Abdelhamid Abaaoud et son complice Chakib Akrouh s'étaient repliés à Saint-Denis. C'est là qu'ils sont morts dans l'assaut des policiers du Raid, le 18 novembre 2015.
L'avocate générale Naïma Rudloff avait requis en décembre cinq ans de prison contre ce délinquant multirécidiviste. "La parole de M. Bendaoud n'est pas fiable", avait-elle affirmé. Il avait loué son squat trois nuits pour 150 euros. "Même sur le marché parallèle, c'est un tarif d'ami", avait-elle jugé.
"Le jihadisme a offert une morale à la délinquance des cités et les délinquants ont offert des moyens aux jihadistes", avait aussi déclaré la représentante de l'accusation.
Jugé à ses côtés pour "non-dénonciation de crime terroriste", Youssef Aït Boulahcen, le cousin d'Abdelhamid Abaaoud, a également été condamné à 4 ans de prison avec mandat de dépôt à l'audience.
"Ma vie est niquée"
En première instance, il avait été condamné à quatre ans de prison, dont un an avec sursis. L'avocate générale avait requis la peine maximale (5 ans de prison, avec mandat de dépôt) contre cet homme de 26 ans, un ambulancier à l'allure soignée qui a, selon Naïma Rudloff, "une adhésion totale aux thèses jihadistes".
Youssef Aït Boulahcen devra lui aussi verser des dizaines de milliers d'euros au titre des dommages et intérêts aux parties civiles. Alors que le président lisait la liste des noms, il s'étirait, envoyait des messages sur son téléphone.
En appel, comme lors du premier procès, Jawad Bendaoud avait nié connaître les deux jihadistes. "A aucun moment, j'ai pensé que j'allais héberger des mecs qui avaient tué plus de 100 personnes". "Il y avait des trucs louches, mais à aucun moment j'ai tilté", a-t-il martelé.
A propos des radicalisés, il a répété: "Moi, je n'ai jamais été dans ce délire-là". Il avait aussi crié à la barre: "Que je sois condamné ou innocent, ma vie elle est niquée".
Jawad Bendaoud est en détention depuis début décembre pour des menaces de mort contre une victime des attaques du 13-Novembre venue témoigner lors du procès. Sa condamnation dans ce dossier a été aggravée mercredi en appel, passant de 6 mois à un an.
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