Dans sa chronique 90 secondes pour comprendre, notre journaliste Frédéric Moray se penche sur les différences de normes entre les Etats-Unis et l'Europe. En effet, des marcheurs vont arriver de toute l’Europe à Bruxelles pour protester notamment contre le traité de libre-échange transatlantique, ce qu’on appelle le TTIP.
La crainte des manifestants qui se rassembleront ce jeudi à Bruxelles afin de protester contre le traité de libre-échange transatlantique (TTIP), c’est de voir arriver sur nos marchés des produits qui ne répondent pas aux normes européennes. Alors pourquoi ces différences de normes entre les Etats-Unis et l’Europe?
Qu'est-ce qui différencie le fonctionnement américain du fonctionnement européen?
La principale raison, c’est la différence de mentalité. Ce qui est important en Europe ne l’est pas forcément aux Etats-Unis… et inversement.
Ainsi, d’un point de vue alimentaire, ce qui compte pour les Américains c’est d’obtenir un goût uniformisé. Pour y arriver, ils peuvent utiliser légalement des organismes génétiquement modifiés, de la viande aux hormones et nourrir leur bétail avec des farines animales.
Pas (encore) de scandale de la "vache folle" aux USA...
Et puis, les Américains n’ont pas le même historique. Ils n’ont pas subi les mêmes traumatismes que chez nous. Un exemple, la maladie de la "vache folle" n’a pas traversé l’Atlantique, les producteurs américains n’ont donc jamais cessé d’utiliser ces techniques devenues désormais illégales en Europe.
Un même produit doit parfois passer des tests différents pour être commercialisé ailleurs
Mais pour de très nombreux produits, Américains et Européens ont établi des niveaux de protections similaires. Cependant, comme il n’y a pas eu de concertation, ces protections peuvent prendre des formes très différentes d’un point de vue législatif. Résultat, un même produit destiné aux deux marchés doit subir des tests différents avant de recevoir les certificats requis pour être commercialisé.
Dans certains cas, les normes américaines sont plus strictes
Mais pourtant, dans certains cas les normes américaines sont même plus strictes que les normes européennes. On le voit avec le scandale Volkswagen. Voilà un bel exemple où les contrôles sont différents et pourtant le but à atteindre est identique : réduire les émissions polluantes. Les Américains sont plus pointilleux en cette matière. C’est le cas dans le secteur automobile, c’est le cas également pour tout ce qui concerne les machines ou les ascenseurs.
Autre secteur mieux protégé aux Etats-Unis, le secteur financier. Il existe un certain nombre de règles américaines qui offrent une meilleure régulation du marché. Alors qu’en Europe, les Etats sont incapables de s’accorder. Sur les questions d’évasion fiscale par exemple.
Le TTIP veut uniformiser tout cela: mais les Européens ne veulent pas lâcher leurs acquis!
La volonté de ce TTIP, c’est justement d’uniformiser à l’avenir les règlementations pour plus de cohérences. Ce qui permettrait également, pour les multinationales, de réduire les coûts de production engendrés par des normes différentes.
A cette logique commerciale s’oppose une logique plus sociale. Les citoyens européens sont trois millions à avoir signé la pétition contre le TTIP, les citoyens européens n’ont aucune envie d’abandonner leur système de protection, tant en matière de soins de santé, d’acquis sociaux ou de qualité des productions alimentaires.
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