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Attentats: qui est à l'origine des mesures prises par Hollande?

 
 

Le président François Hollande a annoncé devant le Congrès une série de mesures sur la sécurité intérieure et en matière de politique extérieure en riposte aux attentats du 13 novembre. Voici un tour d'horizon sur l'origine de ces propositions dont beaucoup émanent de la droite.

- Déchéance de nationalité étendue aux binationaux nés Français

En 1996, c'est le gouvernement Juppé qui avait instauré l'extension de la déchéance de nationalité pour les bi-nationaux naturalisés français condamnés pour terrorisme.

Étendre cette déchéance aux bi-nationaux nés Français a été proposé à plusieurs reprises par les députés UMP puis Les Républicains. En avril 2015, l'Assemblée rejette une nouvelle proposition de loi du député LR Philippe Meunier, prévoyant la déchéance de nationalité pour "tout Français combattant la France".

Le FN, opposant de longue date à la double nationalité, dénonce régulièrement l'acquisition "trop facile" de la nationalité française et les "Français de papier".

Depuis de nombreux mois, il demande l'application de déchéances de nationalité, mais sans préciser si cela concerne les bi-nationaux nés français ou seulement les bi-nationaux français par acquisition comme c'est le cas actuellement.

- 5.000 emplois supplémentaires dans la police et la gendarmerie

Début novembre, Éric Ciotti (LR) jugeait insuffisants les 900 emplois supplémentaires déjà votés dans le budget 2016 compte tenu de "la gravité de la situation". Déjà, après les attentats de janvier, Nicolas Sarkozy avait proposé de rétablir les heures supplémentaires dans la police et les renseignements, soit "4.000 équivalents temps plein" selon lui.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve renvoie lui régulièrement la droite aux "près de 13.000 emplois perdus entre 2007 et 2012" par les forces de sécurité pendant le quinquennat Sarkozy.

Le FN, dans son programme de 2012, proposait la "reconstitution en cinq ans des effectifs de police et de gendarmerie supprimés depuis 2005".

- Création de 2.500 postes dans la Justice

Les syndicats pénitentiaires ont largement demandé que ces postes leur reviennent. Le 22 octobre déjà, 3.000 surveillants pénitentiaires manifestaient devant le ministère de la Justice pour dénoncer un manque de moyens humains et matériels et une dégradation de leurs conditions de travail.

- Gel des réductions d'effectifs dans les armées

Au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo, le chef de l’État avait déjà décidé de ralentir les suppressions d'effectifs dans les armées. "Seuls" 9.218 postes devaient ainsi être supprimés dans la Défense jusqu'en 2019 inclus, selon la loi de programmation militaire (LPM) révisée cet été.

Mais l'UMP, qui avait pourtant enclenché lorsqu'elle était au pouvoir avant 2012 la suppression de 54.000 postes par la LPM 2009-2014, a demandé en janvier dernier au gouvernement le gel de ces effectifs plutôt qu'un ralentissement de leur réduction.

En 2012, le FN prônait le "maintien des effectifs" dans les armées.

- Légitime défense des policiers

L'Assemblée a rejeté en avril un texte d’Éric Ciotti visant à assouplir le régime de légitime défense pour les policiers et le rapprocher de celui des gendarmes. Bernard Cazeneuve s'était dit prêt par la suite à faire modifier les conditions dans lesquelles les policiers peuvent ouvrir le feu, souhaitant aboutir "au premier semestre 2016". Actuellement, les policiers sont soumis au droit commun alors que les gendarmes peuvent, dans certains cas, utiliser leurs armes après sommation. En 2012, le candidat Sarkozy s'était déclaré en faveur d'une "présomption de légitime défense" pour les policiers, idée défendue par Marine Le Pen dès novembre 2011.

- Armement des polices municipales

François Hollande a annoncé que le gouvernement allait "aider" à "mieux protéger les policiers municipaux en finançant leurs équipements" et "en apportant aux maires qui le souhaitent les armes qui seront prélevées sur les stocks de la police nationale". Le gouvernement était jusque-là hostile au port d'arme généralisé des policiers municipaux. Actuellement, le port d'arme de policiers municipaux doit être autorisé par le préfet sur demande du maire.

- Renouer les liens avec la Russie pour une coalition globale en Syrie

A droite et à l'extrême droite, plusieurs dirigeants se sont prononcés pour une alliance avec les Russes, comme François Fillon (LR), qui juge que la Russie a été "stupidement méprisée" par la France. Dès septembre 2013, il avait critiqué en Russie devant Vladimir Poutine la France et sa diplomatie syrienne.

Le FN voit de son côté depuis les années 1990 dans la Russie un contrepoids aux Etats-Unis et prône dans la crise syrienne un rapprochement avec le pays de Poutine.


 

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