Vingt-six pays et géants d'Internet ont rallié mercredi "l'appel de Christchurch" contre les contenus en ligne "terroristes et extrémistes violents", deux mois après la diffusion en direct sur Facebook de l'attaque contre des mosquées en Nouvelle-Zélande, a annoncé l'Elysée.
Par cet appel, initié par la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Arden et Emmanuel Macron, les plateformes internet, dont les leaders Facebook (et ses filiales WhatsApp et Instagram) ainsi que Google et sa filiale YouTube, s'engagent à prévenir le téléchargement et la diffusion de ces contenus, y compris par "leur retrait immédiat et permanent", précise l'appel. Ceci dans le respect des "libertés fondamentales" avec des procédures d'appel en cas de contestation.
Atténuer les risques de la diffusion en direct
Les entreprises s'engagent aussi à prendre des mesures immédiates pour "atténuer les risques" liés à la diffusion en direct de ces contenus, grâce à leur identification et un examen "en temps réel". Un défi pour des contenus qui, à peine retirés, sont souvent aussitôt republiés par des utilisateurs.
Les groupes internet évoquent notamment la mise en place de mécanismes de signalement adaptés ou d'algorithmes pour détourner les utilisateurs de ces contenus ainsi que la fermeture de comptes si nécessaire.
"Facebook a tenté de supprimer la vidéo: ils l'ont enlevée 1,5 million de fois. Durant les premières 24 heures, elle a été remise en ligne sur YouTube chaque seconde", a relevé la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Arden.
Ce texte a été adopté par la France, la Nouvelle-Zélande, le Canada, l'Irlande, la Jordanie, la Norvège, le Royaume-Uni, le Sénégal, l'Indonésie et la Commission européenne ainsi que par Amazon, Facebook, Google, Microsoft, Qwant, Twitter, Youtube, DailyMotion et la Fondation Wikimédia. D'autres pays dont l'Australie, l'Allemagne, le Japon, le Pays-Bas, l'Espagne, l'Inde et la Suède ont également apporté leur soutien, a précisé l'Élysée.
"Les contenus haineux viennent menacer la durabilité même du web"
Emmanuel Macron recevait mercredi à l'Élysée de nombreux dirigeants soutenant cette initiative, dont le roi Abdallah de Jordanie, le président sénégalais Macky Sall, la Britannique Theresa May, les Premiers ministres canadien Justin Trudeau, norvégien Erna Solberg ou irlandais Leo Varadkar, ainsi que le vice-président indonésien Jusuf Kalla, et plusieurs patrons du numérique.
Manquent en revanche à l'appel les réseaux sociaux chinois comme Wechat (plus d'un milliard d'utilisateurs), QQ, TikTok et Weibo. Les Etats-Unis, eux non plus, n'ont pas adopté le texte, bien que les plus grands réseaux soient tous américains.
Les gouvernements s'engagent à prendre également des mesures contre la cyberhaine, notamment par des actions de sensibilisation, des aides aux petits fournisseurs de service en ligne ou encore l'adoption de normes ou de chartes, mais sans nuire à la liberté d'expression, précise l'appel.
"Les contenus haineux viennent menacer la durabilité même du web. En appeler à la responsabilisation des grandes sociétés est une condition de leur survie", a commenté le secrétaire d'État au Numérique Cédric O, en évoquant "une obligation de résultat pour les gouvernements".
Vos commentaires